samedi 29 août 2009

Une légende originale: SEVERI PII AVG FIL (Rome, 199)

La légende de revers rappelle que le jeune empereur Caracalla (il est Auguste depuis l'année précédente) est le "fils de Sévère Pieux et Auguste". Encore une fois, on a affaire ici au message politique de Septime Sévère qui instaure une nouvelle dynastie et privilégie les liens du sang à l'adoption du meilleur candidat à la conduite de l'Empire. Il se rattache donc plutôt à Marc Aurèle qu'aux premiers Antonins.


n°C51

Dénomination: Denier

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS - AVGVSTVS - Buste drapé et cuirassé à droite.

Revers: SEVERI - PII - AVG FIL - Caracalla en habit militaire debout à gauche, tenant une Victoriola sur un globe de la main droite et une haste de la gauche; à ses pieds un captif assis à gauche dans l'attitude de la tristesse.

Atelier (année de frappe): Rome (199)

Références: RSC 590 (30£) - RIC 45 (C) - BMC S172-3 - Hill 413 (S)

Caractéristiques: Argent, 3.64 g, 19 mm, 12 h. - Ex. FAC

Commentaire:

L'habit militaire est composé de caligae, les chaussures à clous, d'une tunique et parfois comme on le voit sur la monnaie, de vêtements à franges, les cirratae militares ou castrenses. Le ceinturon fait généralement la fierté du soldat, car il est interdit aux civils. Sur le haut du corps l'empereur porte une cuirasse qui est généralement décorée (Gorgone, griffons, etc.) comme on peut le voir sur les statues impériales. Enfin, on distingue le paludamentum, le manteau du général qui pend dans le dos.


Détail d'un vêtement militaire sur une statue de Marc Aurèle - Musée du Louvre (Paris)
Le captif devant Caracalla est assis, les mains certainement liées, dans une attitude de tristesse et de soumission, il a été vaincu par l'empereur et la différence de taille entre les deux personnages est éloquente. Ce prisonnier est un archétype du barbare: il porte un bonnet phrygien comme les statues de Daces de l'époque de Trajan et des vêtements très éloignés de ceux des Romains. On retrouve ces personnages sur de nombreuses monnaies en particulier au pied de trophées. Il s'agit ici d'une référence à la victoire sur les Parthes.


Captif assis - Musée du Louvre (Paris)

vendredi 21 août 2009

Une représentation du bûcher funéraire sur un denier de consécration de Septime Sévère (Rome, 211)

Le 4 février 211, Septime Sévère meurt à Eburacum (York) lors de la campagne de Bretagne. La cérémonie de crémation de l'empereur défunt a lieu sur place en présence des proches et de l'armée.
Voici comment Dion Cassius relate ces événements:
Son corps, paré à la manière militaire, fut ensuite porté sur un bûcher, et les soldats, ainsi que ses fils, défilèrent autour par honneur [decursio, ndlr]; ceux des assistants qui avaient des récompenses militaires les jetèrent sur le bûcher, et le feu y fut mis par ses fils. Après cela, les os, renfermés dans une urne de porphyre, furent conduits à Rome et déposés dans le monument des Antonins. On rapporte encore que, peu d'instants avant sa mort, Sévère fit venir cette urne, et que, la touchant de ses mains, il dit: "Tu contiendras un homme que l'univers n'a pas contenu".


n°S50

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: DIVO SEVERO PIO - Tête nue à droite.

Revers: CONSECRATIO - Bûcher funéraire à quatre étages avec un quadrige de face au sommet.

Atelier (année de frappe): Rome (211)

Références: RSC 89 (90£) - RIC 191F (S) - BMC C27 - Hill 1234 (R3) - BnF 6293-4

Caractéristiques: Argent, 19mm, 2.9g, 12h. - Ex. Beast Coins

Note: le nombre d'étages, le traitement de la statue sommitale et les ornements du bûcher peuvent varier en fonction des exemplaires. Ce denier a été frappé lors du règne conjoint de Caracalla et Géta à l'occasion d'une émission spéciale consacrée à l'apothéose de leur père (CONSECRATIO). La légende d'avers montre qu'il est désormais au rang des dieux.

Commentaire:

Sur ce denier est représenté le rogus, le bûcher funéraire, qui prend place au sein de l'ustrinum, le crematorium proprement dit. C’est lors de la consécration de Marc-Aurèle et Lucius Verus pour Antonin qu’apparaît pour la première fois sur une monnaie un bûcher funéraire. Il s'agit d'un monument de plusieurs étages (généralement quatre) qui sont ornés de niches avec des statues. Une guirlande végétale décore l'étage du bas, alors que le sommet est surmonté d'une statue impériale (souvent dans un quadrige) et de flambeaux au niveau des angles. C’est ce modèle d’Antonin qui va servir pour les monnaies des autres empereurs divinisés et entre autres pour Septime Sévère.


Une représentation moderne de la crémation des empereurs romains

L'actuel château Saint-Ange à Rome, ancien Mausolée d'Hadrien et des derniers Antonins a été l'ultime demeure des cendres de Septime Sévère.


Château Saint-Ange (Rome)

jeudi 20 août 2009

Un denier de Caracalla César avec la Félicité (Rome, 197)

En 193, après sa prise de pouvoir et l'élimination de Didius Julianus, Septime Sévère dut faire face à la concurrence de Pescennius Niger en Orient qui s'était aussi proclamé empereur. Afin d'éviter d'être débordé à l'ouest par un autre rival potentiel, Clodius Albinus alors gouverneur de Bretagne, l'empereur lui offrit de partager le consulat de 194 et l'associa au pouvoir avec le titre de César. Cela fit de lui un corégent et un successeur désigné. Or, Septime Sévère avait d'autres ambitions, il décida de se rattacher fictivement à la famille de Marc-Aurèle. Il remettait ainsi en place le procédé de succession héréditaire et dynastique qui avait prévalu à la fin du règne des Antonins. Il s'en suivit une rupture entre les deux hommes, Clodius Albinus se proclamant alors lui-même Auguste. Sévère demanda alors au Sénat de le déclarer ennemi public. En 196, Septime Sévère proclama son fils aîné Bassianus (Caracalla), César, ce qui attisa encore plus l'hostilité d'Albinus. Cette querelle se termina dans le sang le 19 février 197 avec la bataille de Lyon qui se solda par la victoire de l'empereur officiel.


n°C5

Dénomination: Denier

Empereur: Caracalla (César)

Avers: M AVR ANTON - CAES PONTIF - Buste, tête nue, drapé à droite.

Revers: IMP-ERII - FELICITAS - La Félicité, debout à gauche, tenant un caducée de la main droite, et portant un enfant sur le bras gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (197)

Références: RSC 95 (35£) - RIC 9 (C) - BMC W199 - Hill 282 (C) - BnF 6722

Caractéristiques: Argent, 16mm, 3.01g, 12h.

Note: ce denier est typique des années 196-198 avec un flan court.

Commentaire:

Ce denier n'est pas le premier frappé pour Caracalla César, mais résume bien le message politique voulu par son père Septime Sévère. Le nom de règne du jeune César, il a neuf ans en 197, est Marcus Aurelius Antoninus, comme les derniers empereurs de la glorieuse dynastie précédente. Ce nom se retrouve à l'avers avec le titre de César, désormais attribué aux héritiers, Auguste étant réservé à l'empereur régnant, et celui de Pontife qui est une charge religieuse. Au revers, on a la Félicité de l'Empire (Imperium sous entendu Romanum) qui est apportée par l'enfant dans les bras de la personnification. Elle porte aussi le caducée, symbole de paix. Felicitas est abondamment traitée dans le monnayage romain, mais il s'agit ici de la seule fois où elle porte à la fois un caducée et un enfant.

mercredi 19 août 2009

L'Arrivée des Augustes - Denier de Septime Sévère (Rome, 202)

L'adventus, l'arrivée, est la contrepartie de la profectio, le départ. Généralement, l'empereur est tourné vers la gauche, car il revient vers Rome d'où il était parti. Ce denier a été frappé en 202 à l'occasion du grand retour de la famille impériale après la campagne parthique. Il s'agit du deuxième adventus célébré sur les monnaies de Septime Sévère. Le premier eut lieu en 196, au plus tard en juin 197 après les victoires sur les usurpateurs Pescennius Niger et Clodius Albinus. Mais à l'été 197, la famille impériale repart pour l'Orient pour ne revenir donc qu'en 202. Après ce retour dans la capitale de nombreuses festivités eurent lieu: triomphe, mariage de Caracalla et décennales de l'empereur.



n°S24

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: ADVENT AVGG - Septime Sévère en habit militaire, à cheval à gauche, tenant une haste, et précédé d'un soldat à pied tenant un vexillum et menant le cheval.

Atelier (année de frappe): Rome (202)

Références: RSC 1 (45£) - RIC 248 (S) - BMC 304-6 - Hill 559 (S2) - BnF 6258-9

Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.2g, 6h.

Note: Le redoublement de la lettre G dans la légende de revers ADVENT AVGG indique que les Augustes sont au nombre de deux: Septime Sévère et Caracalla. C'est le cas depuis l'accession à l'Augustat du fils aîné de l'empereur en 198. Lors du premier adventus en 196, la légende n'indiquait qu'un seul Auguste.

Commentaire:

Observons attentivement la scène du revers. Le soldat qui précède le cheval de l'empereur est casqué et porte un vexillum, étendard de la cavalerie romaine. Ce carré de tissu accroché à une traverse horizontale est l'insigne particulier de cette unité.


Détails de la colonne trajane (Rome)




Détail de l'arc de Constantin (Rome)

Quant à l'empereur, la barbe nous rend son portrait reconnaissable, son cheval est cabré, une des figures équestres les plus impressionnantes. Il salue ses troupes et le peuple qui l'acclame après ses victoires sur les Parthes. Il porte une haste, arme et symbole de son pouvoir militaire. Cette lance, à l'image d'un sceptre long, n'a pas de pointe; elle était remise en récompense au légionnaire qui s'était distingué sur le champ de bataille. L'empereur a revêtu le paludamentum, ce manteau pourpre hérité des généraux de la République, il est retenu à l'épaule par une fibule. Enfin, Septime Sévère est ceint de la couronne de laurier des généraux victorieux.

mardi 18 août 2009

La Mère de la Patrie - Denier de Julia Domna (Rome, 211)

En 205, Julia Domna reçoit le titre de mère des Augustes, même si de ses deux enfants, seul Caracalla est Auguste, Géta n'étant encore que César. Après la mort de son mari, Septime Sévère, en 211, elle obtient l'honneur de porter les noms de Mère de la Patrie et Mère du Sénat. Ce sont ces trois titres que l'on voit au revers de cette monnaie, autour d'une représentation de l'impératrice assise en majesté. Des statues lui ont certainement été dédiées à cette occasion dans la capitale de l'Empire.


n°J28

Dénomination: Denier

Impératrice: Julia Domna

Avers: IVLIA PIA - FELIX AVG - Buste drapé à droite.

Revers: MAT AVGG MAT SEN M PATR - Julia assise à gauche, tenant un rameau d'olivier de la main droite et un sceptre long de la gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (211)

Références: RSC 111 (35£) - RIC C381 (S) - BMC C12-3 - Hill 1265 (R) - BnF 6619-20

Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.26g, 6h. - Ex. Monnaies d'Antan VSO 4 n°241

Note: Il existe aussi un autre type ou l'impératrice est debout. Julia Domna est parfaitement reconnaissable au revers de ce denier. Elle porte sur la tête le stephané que l'on retrouvera sur les bustes des antoniniens.


Commentaire:

A partir de 212, Julia Domna est une impératrice régnante. Ses capacités gouvernementales étaient nées sous le règne de son mari et elle peut maintenant les épanouir pleinement. Elle accompagne son fils dans ses déplacements et s'occupe de l'administration impériale. Sa curiosité intellectuelle fait d'elle une des femmes les plus cultivées de son époque et on parle d'un véritable salon de philosophes et de savants qu'elle réunit autour d'elle.
Comme Caracalla ne se remaria pas après la mise à mort de Plautille et qu'il vécut avec sa mère, une rumeur d'inceste que l'"Histoire Auguste" prend pour argent comptant se développe. Des pamphlets la comparant à Jocaste circulent. Quelques années plus tard, on accusera aussi Caracalla d'avoir eu des relations avec sa cousine Julie Soaemias. En fait, c'est Elagabale lui-même qui exploita cette rumeur par intérêt politique en se présentant ainsi comme le fils de Caracalla qui était très apprécié par les légionnaires.

lundi 17 août 2009

La Victoire - Denier de Septime Sévère à Laodicée (ca 198)

La Victoire est une des personnifications les plus populaires du monnayage romain et particulièrement chez Septime Sévère. Son règne a été marqué par une guerre civile lors de sa prise de pouvoir et de plusieurs campagnes militaires extérieures. Les représentations de Victoria, déesse allégorique de la victoire, sont donc nombreuses et variées, mais elle est toujours représentée ailée, car elle est un messager des dieux. Ses attributs principaux sont la couronne de laurier qui est remise au triomphateur et la palme, récompense des vainqueurs de Jeux sportifs ou du cirque. La représentation de la Victoire sur ce denier est la plus courante du règne de Septime Sévère: marchant à gauche avec couronne et palme.


n°S13

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: L SEPT SEV AVG IMP - XI PART MAX - Tête laurée à droite.

Revers: COS - I-I - P - P - La Victoire marchant à gauche, tenant une couronne de la main droite et une palme de la gauche.

Atelier (année de frappe): Laodicée (198)

Références: RSC 96 (25£) - RIC 503a (C) - BMC 655-6 - BnF 6296

Caractéristiques: Argent, 19mm, 2.85g, 6h.

Note: cette monnaie appartient au "nouveau style" de Laodicée. La date de frappe de cette monnaie est postérieure à 198, mais a pu être frappée jusqu'en 202, date de fermeture de l'atelier. Le revers fait mention du deuxième consulat de Septime Sévère (194). Il existe toutefois un autre denier de Laodicée, daté cette fois-ci plus sûrement de 202 avec la mention du troisième consulat de l'empereur.

Commentaire:

Auguste institua Victoria comme une des divinités tutélaires du nouveau régime. De nombreux cultes lui étaient rendus et elle était présente à différentes cérémonies et à de nombreux endroits: sur le Forum, au Sénat, lors des triomphes, des funérailles ou de la consécration des empereurs. Elle apparait aussi sur des monuments, en statue ou sur des reliefs figurés. Les empereurs lui rendaient aussi un culte privé, par l'intermédiaire d'une statuette dorée dans une petite chapelle portative. Cette dernière était aussi apportée lors de cérémonies publiques.
Enfin, je ne peux résister à vous narrer une anecdote de présage (l''Histoire Auguste" en fourmille pour Sévère qui était dit-on superstitieux) sur la mort de l'empereur: un jour lors de jeux du cirque, les trois statuettes de la Victoire en plâtre (une pour chacun des augustes: Sévère, Caracalla et Géta) avaient été installées comme habituellement sur un podium. Celle de Sévère fut balayée par un coup de vent, tomba et se planta droite dans le sol. Celle de Géta se désagrégea dans sa chute et celle de Caracalla vacilla et ne perdit que sa palme!

vendredi 14 août 2009

213: l'année des trois légendes - Hercule sur un denier de Caracalla

Caracalla dispose sur les avers de ses deniers de la titulature ANTONINVS PIVS AVG BRIT depuis 210 et les victoires britanniques. En 213, cette légende est encore utilisée et le titre BRIT va être remplacé cette année-là par celui de (très grand) Germanique suite à des victoires sur des tribus germaines. Cette nouvelle titulature ANTONINVS PIVS AVG GERM apparaitra désormais sur tous les deniers jusqu'à la mort de l'empereur. Cependant, entre ces deux inscriptions nous avons aussi la légende ANTONINVS PIVS FEL AVG, utilisée également plus tard par Elagabale. Donc, durant cette année 213 nous retrouvons trois légendes différentes de droits, souvent avec le même type de revers, comme c'est le cas ici avec Hercule et l'inscription datée de la seizième puissance tribunicienne.


n°C39


Dénomination: Denier

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS - PIVS FEL AVG - Tête laurée à droite.

Revers: P M TR P XVI COS IIII P P - Hercule nu debout à gauche, tenant une branche d'olivier de la main droite et une massue avec la peau de lion de la gauche.
Atelier (année de frappe): Rome (213)

Références: RSC 221 (30£) - RIC 206b (C) - BMC p.440, * - Hill 1381 (S2) - BnF 6798-9
Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.0g, 12h. - Ex. CNPR Poindessault

Commentaire:

Ce denier appartient à la 4ème émission du règne de Caracalla seul. Tous les deniers de cette émission porte la légende ANTONINVS PIVS FEL AVG. Hill recense cinq types différents dont quatre partagent aussi les légendes en BRIT et GERM. Caracalla s'est sans doute identifié à Hercule, comme Commode avant lui ou Maximien après. L'auteur de l'"Histoire Auguste" raconte qu'il affronta un jour un lion et se targua d'avoir égalé la valeur d'Hercule, en référence au lion de Némée, le premier de ses douze travaux: "Quando etiam missis ad amicos litteris gloriatus est seque ad Herculis virtutem accessisse se iactavit." Cependant, l'"Histoire Auguste" tout comme Dion Cassius précisent qu'il avait interdit à ses soldats de l'appeler du nom d'Hercule ou de tout autre dieu.

jeudi 13 août 2009

Julia Domna à Laodicée: le nouveau style - Denier avec Venus Felix

De 196-197 à 202, date de sa fermeture, Laodicée (Laodicea ad Mare, en Syrie) va frapper des deniers plus soignés que lors de sa première phase de production à partir de 194. Hybrides et légendes fautives se font plus rares et le style est plus fin, on parle du "nouveau style" de Laodicée, dû certainement à la présence de nouveaux graveurs. Durant son existence, l'atelier va émettre principalement des deniers à l'intention des troupes engagées dans la campagne parthique. Cet atelier est alors une "filiale" de la moneta romaine, utilisant les mêmes types de revers que l'atelier central.


n°J14

Dénomination: Denier

Impératrice: Julia Domna

Avers: IVLIA - AVGUSTA - Buste drapé à droite.

Revers: VENVS - FELIX - Vénus debout à gauche, tenant une pomme de la main droite et un sceptre de la gauche.

Atelier (année de frappe): Laodicée (199)

Références: RSC 197 (25£) - RIC S646 (S) - BMC SC619-21 - BnF 6655

Caractéristiques: Argent, 20mm, 3.3g, 6h. - Ex. CGB

Note: la date d'émission de cette monnaie est postérieure à 199, datation estimée pour le prototype romain. On observera sur le drapé du portrait de l'impératrice, au niveau du cou, une boucle qui "signe" les productions de Laodicée pour Julia Domna durant cette deuxième phase d'existence de l'atelier.


Boucle sur le vêtement de Julia Domna
Commentaire:

VENVS FELIX est la Vénus "heureuse", celle qui vient de gagner le concours de beauté face à Junon et Minerve. Elle tient dans la main son prix, la pomme de discorde offerte par le berger Pâris. Cet épithète est aussi utilisé dans la dédicace du temple de Vénus et de Rome (Venus Felix et Roma Aeterna) construit par Hadrien au sommet de la Velia aplanie ; il s'agit d'un des temples les plus vastes de Rome (110m sur 53m). Pour construire le temple, Hadrien fit déplacer la statue colossale de Néron (Colosseum) par vingt-quatre éléphants. Elle fut placée à côté de l'amphithéâtre flavien qui prit progressivement le nom de la statue pour devenir le Colisée.


Temple de Vénus et de Rome (Rome)

mercredi 12 août 2009

Une nouvelle dénomination: l'antoninien de Caracalla (Rome, 215)

En 215, eut lieu une réforme monétaire avec pour l'or la réduction du poids de l'aureus et la frappe d'un double aureus. Caracalla créa aussi à cette occasion une nouvelle monnaie d'argent, que l'on nomme aujourd'hui antoninianus (antoninien en français) du nom de l'empereur (Antoninus) et en référence à une mention de l'"Histoire Auguste" parlant d'argentei Antoniniani. Cependant cette dénomination valant deux deniers ne pesait en réalité qu'un denier et demi, ce qui revenait à une dévaluation déguisée. La nouvelle espèce fut donc plutôt mal accueillie par le peuple et fut arrêtée d'être frappée à cause de son impopularité quatre ans plus tard, en 219 sous Elagabale. Elle sera néanmoins réintroduite sous Balbin et Pupien en 238 et sera à la source de la grave crise du IIIè siècle.


n°C66

Dénomination: Antoninien

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS PIVS AVG GERM - Buste radié, drapé et cuirassé vu de l'avant.

Revers: P M TR P XVIII COS IIII P P - Jupiter assis à gauche, tenant une Victoriola de la main droite et un sceptre long de la gauche, à ses pieds un aigle de face tête à droite.

Atelier (année de frappe): Rome (215)

Références: RSC 277 (65£) - RIC 260b (S) - BMC 117 - Hill 1463 (R2) - BnF 6814

Caractéristiques: Argent, 23mm, 4.49g, 6h. - Ex. CNG Mail Bid Sale 81 n°1073

Note: Hill place cette monnaie en première position de la première émission d'antoniniens de l'Histoire.

Commentaire:

Au droit, l'empereur porte la couronne radiée, symbole solaire. Outre un module un peu plus large et un poids plus important (théoriquement 5.04g), l'antoninien se distingue du denier par le port de cette couronne radiée (comme le dupondius de l'as pour le bronze).
Au revers on observe une représentation de Jupiter Victor, "celui qui dirige les armées romaines". Il est celui qui est victorieux et est reconnaissable à la statue cultuelle de la Victoire, la Victoriola, qu'il porte devant lui. Jupiter, en tant que dieu des dieux apparaît souvent sur le monnayage des empereurs romains.

mardi 11 août 2009

Une représentation de triomphe - Denier de Géta (Rome, 206)

On ne trouve pas souvent d'images de triomphe sur les monnaies romaines, les victoires militaires étant souvent annoncées sur le monnayage par l'intermédiaire de la personnification Victoria. Il arrive cependant de voir des représentations de l'empereur en quadrige, comme c'est le cas sur ce denier qui commémore le premier consultat du jeune César Géta.

n°G21

Dénomination: Denier

Empereur: Géta (César)

Avers: P SEPTIMIVS - GETA CAES - Buste drapé à droite.

Revers: // COS - Géta en robe consulaire dans un quadrige au pas à gauche, tenant un sceptre surmonté d'un aigle.

Atelier (année de frappe): Rome (206)

Références: RSC 28 (120£) - RIC 28 (R) - BMC S443 - Hill 796 (R4)

Caractéristiques: Argent, 19mm, 3.45g, 6h. - Ex. Aegean Numismatics

Note: Cette monnaie est rare pour l'ensemble des ouvrages de référence (Cohen la cote 30 francs, elle est R pour le RIC et R4 pour Hill). On remarquera la composition particulièrement réussie de cette monnaie, laissant l'intégralité du champ à l'image, les trois lettres COS étant reléguées à l'exergue. Le char de Géta est ainsi bien mis en valeur.

Commentaire:

Au revers de ce denier, Géta est dans un quadrige en habit consulaire et tient le scipio. Le scipio est un sceptre en ivoire surmonté d'une aigle, on le retrouve en particulier, ainsi que le vêtement, sur les bustes consulaires de Probus.


Portrait de Probus au droit d'un aurelianus

Ce denier a été frappé dans le cadre d'une émission spéciale célébrant par anticipation les quinze ans de règne de Sévère. C'est pourquoi Hill date la monnaie de 206. On trouve dans cette émission de nombreux deniers aux revers exceptionnels (spectacles du Cirque, arc de triomphe, scène de sacrifice ou les Quatre Saisons). Géta a été consul en 205, ce que commémore cette monnaie. Durant cette même année, Caracalla a partagé cette charge avec son frère cadet, mais il s'agissait pour lui de son deuxième consulat.


Triomphe de Marc-Aurèle (Musées capitolins - Rome)

lundi 10 août 2009

Un nouvel épithète pour Cérès: FRUGIFERA

Cérès, déesse de l'agriculture, se retrouve relativement abondamment sur le monnayage impérial romain. Ce qui est nouveau avec les Sévères, c'est l'adjonction de l'épithète Frugifera.

n°J12

Dénomination: Denier

Impératrice: Julia Domna

Avers: IVLIA - AVGVSTA - Buste drapé à droite.

Revers: CERERI - FRVGIF - Cérès assise à gauche, tenant deux épis pointés vers le sol de la main droite et un long flambeau allumé de la gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (200)

Références: RSC 14 (25$) - RIC S546 (S) - BMC S10-3 - Hill 424 (S2) - BnF 6578-9 & A.V.1137

Caractéristiques: Argent, 19mm, 3.26g, 5h. - Ex. HD Rauch

Note: Ce type existe aussi à Laodicée. On remarquera les détails végétaux de la hampe du flambeau. Sur certains exemplaires, le flambeau est remplacé par un sceptre long.


Détails du flambeau de CérèsCommentaire:

Cérès est une déesse importante, car elle est liée aux récoltes et donc à la nourriture, vitale pour tout être humain. On a ici l'inscription CERERI FRVGIFERAE, "à Cérès la féconde", la "fructueuse". Cérès est donc celle qui porte les fruits de la Terre et qui apporte l'abondance aux hommes. Elle est reliée intimement à la Fécondité et est donc la "contrepartie matérielle des bienfaits spirituels d'un bon règne", comme le dit Mattingly. Ce terme Frugifera qui apparait à Antioche pour Pescennius Niger et est repris par Septime Sévère et son épouse, semble être d'origine orientale. Il est donc nouveau sur le monnayage romain.


Cérès (Musée Pio Clementino - Vatican)

vendredi 7 août 2009

La Fortune du retour : légende explicite et datation

Il arrive fréquemment qu'au sein d'une même émission, un type existe avec des inscriptions différentes à l'avers ou au revers. Sur les deux monnaies qui nous intéressent ici, nous avons un type de revers avec la Fortune assise qui présente les mêmes caractéristiques. Mais, pour cette unique représentation, nous avons deux inscriptions différentes: une légende explicite qui tout en étant quelque peu redondante, précise un peu plus la représentation et une autre légende qui n'a rien à voir avec le revers, mais complète la titulature de l'empereur au droit. C'est cette information qui permet de dater précisément les deux monnaies.


n°S35



n°S31

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: FORTVNA - REDVX pour S35 et P M TR P XI COS III P P pour S31 - Fortuna assise à gauche, tenant un gourvernail de la main droite et une corne d'abondance de la gauche ; sous son siège, une roue.

Atelier (année de frappe): Rome (203)

Références: S35: RSC 181 (25£) - RIC 264a (C) - BMC 327-9 - Hill 600 (C) - BnF 6326-7; S31: RSC 461 (25£) - RIC 189b (C) - BMC 432-3 - Hill 601 (C) - BnF 6449

Caractéristiques: S35: Argent, 18mm, 3.31g, 11h; S31: Argent, 18mm, 3.21g, 1h.

Note: Les deux monnaies sont également communes, elles ont donc dû être frappées en nombres d'exemplaires équivalents.

Commentaire:

Les deux monnaies présentent Fortuna avec ses attributs traditionnels la corne d'abondance et le gouvernail. La corne symbolise les cadeaux qu'elle peut offrir et le gouvernail signifie que c'est elle qui dirige les affaires du monde. La roue sous le siège, symbole qu'elle partage avec Némésis, est une allégorie des changements continuels de la vie.

Statue de Fortuna (Musée Chiaramonti - Vatican)

L'un des deniers possède une légende explicite indiquant qu'il s'agit plus précisément de Fortuna Redux (la fortune du retour, de la guerre en particulier), un des aspects de la déesse Fortune et qui avait un temple au Champ de Mars, construit sous Domitien. Septime Sévère remercie ainsi la Fortune de l'avoir ramené sain et sauf à Rome après sa campagne parthique. L'autre denier a une légende précisant, grâce à la puissance tribunicienne, la date de frappe de l'émission: 203. Fortuna Redux est un des grands thèmes monétaires de cette année-là, car on la retrouve aussi sur le monnayage de bronze et d'or, par exemple en compagnie de Sévère.

jeudi 6 août 2009

Une légende atypique: SAL GEN HVM

Ce type de représentation et de légende est rare dans le monnayage romain. Seul Commode avant Caracalla avait utilisé cette combinaison et elle n'aura pas d'autre descendance. Pour bien la comprendre, il faut voir qu'elle s'insert dans un programme politique qui est dévoilé autour des premières années du IIIè siècle. Le monnayage de cette période s'en fait largement l'écho.


n°C3
Dénomination: Denier

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS - AVGVSTVS - Buste drapé et cuirassé à droite.

Revers: SAL - GEN - HVM. Salus, debout de face, tête à gauche, tenant de la main gauche un bâton autour duquel s'enroule un serpent. Elle étend la main droite afin de relever un homme ou une femme agenouillé.

Atelier (année de frappe): Laodicée (vers 200).

Références: RSC 558a (45£) - RIC 350 (S) - BMC S701-2Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.3g, 6h.

Note: Comme souvent autour de 196-202, les types frappés à Rome se retrouve à Laodicée. C'est le cas pour cette monnaie où nous avons le même type frappé dans les deux ateliers. Pour Caracalla, seul le style de gravure permet de les distinguer. On notera le visage particulièrement expressif sur ce denier.

Commentaire:
SALUS GENERIS HUMANI, le salut de la race humaine, toute l'humanité est sauvée grâce à l'empereur. En effet, sur ce revers, la Santé relève un homme ou une femme, symbole de l'humanité entière. Le jeune auguste apparaît comme le Salut de l'Humanité, car la guerre est terminée et une nouvelle dynastie est instaurée. Les autres émissions le proclame "maître du monde", son père étant le "fondateur de la paix" et le "restaurateur de la cité". Cette propagande insiste sur la victoire des deux augustes face aux dangers internes (Pescennius Niger et Clodius Albinus) et externes (les Parthes) et donc sur la paix retrouvée. Septime Sévère lance de grands travaux de restaurations et de constructions et présente ses fils comme ses successeurs désignés. On entre dans un nouvel âge d'or...

mercredi 5 août 2009

Un hommage aux légions: la VIIIè Augusta

A l'époque de la prise de pouvoir par Septime Sévère, trente légions (après la guerre civile trois unités supplémentaires seront créées) sont réparties sur le territoire de l'empire romain, essentiellement le long du limes du Rhin et du Danube ainsi qu'en Orient. Une seule légion occupe le territoire de l'actuelle France, il s'agit de la VIIIè légion Augusta basée à Strasbourg (Argentorate).

n°S45
Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: IMP CAE . L . SEP S-EV PERT AVG - Tête laurée à droite.

Revers: LEG - VIII - AVG // TR P COS - Aigle légionnaire, (avec un collier autour du cou?), entre deux enseignes militaires.

Atelier (année de frappe): Rome (193)

Références: RSC 267 (90£) - RIC 11 (S) - BMC W14-5 - Hill 28 (R3) - BnF 6365

Caractéristiques: Argent, 17mm, 2.98g, 5h. - Ex. Beast Coins

Note: Ce denier existe aussi, mais est plus rare, pour l'atelier d'Emèse.

Commentaire:

Si on se fie au classement de Hill, lorsque Septime Sévère fut reconnu empereur par Rome le 1er juin 193, l’atelier impérial frappa plusieurs émissions monétaires "spéciales" : la première célèbrant la première libéralité à Rome en l’honneur du nouvel empereur (qui vient d’arriver dans l’Urbs), la deuxième en l’honneur de Pertinax qui se trouve divinisé par la volonté du nouveau prince. Une troisième série célèbre les légions romaines. En 193, Septime Sévère a donc fait frapper essentiellement des deniers (mais aussi des sesterces) afin d’honorer les légions qui le soutenaient dans la lutte pour le pouvoir et qui lui avaient prouver leur fidélité. Les revers montrent deux étendards (signa) de part et d’autre d’une aigle légionnaire (aquila) avec les ailes déployées. L’inscription correspond aux noms des différentes légions suivis de TR P COS à l’exergue pour la première puissance tribunicienne et le consulat. Les légions I, II, III, IIII, V, VII, VIII, XI, XIII, XIIII, XXII et XXX sont concernées par les émissions. La VIIIè Augusta a été particulièrement honorée avec des frappes importantes (deuxième en nombre après la XIIII) dans deux ateliers (la plupart des types n'existant qu'à Rome), ce qui montre certainement un rôle important de cette unité dans la guerre civile qui oppose Sévère à Pescennius Niger.

mardi 4 août 2009

Une rare représentation sur le monnayage impérial: Janus debout

Voici une monnaie qui présente un revers peu courant pour le monnayage impérial. En effet, si la tête de Janus apparaît fréquemment sur des monnaies républicaines, ce dieu se fait plutôt discret sur les espèces impériales.

n°G11

Dénomination: Denier

Empereur: Géta

Avers: P SEPT GETA PIVS - AVG BRIT - Tête laurée à droite.

Revers: TR P III - COS II PP - Janus debout de face, tenant un foudre de la main gauche et une haste renversée de la droite.

Atelier (année de frappe): Rome (211)

Références: RSC 197 (60£) - RIC 79 (S) - BMC C13-4 - Hill 1297 (R4)

Caractéristiques: Argent, 20mm, 3.71g, 6h. - Ex. Beast Coins

Note: Il existe une variante où la haste est remplacée par un sceptre.

Commentaire:

Janus est le dieu romain des portes, des ouvertures (de l'année, de la guerre, etc.). Quand Rome était en paix, les portes de son temple étaient fermées, ce qui n'est arrivé que rarement dans l'histoire romaine. Il est le dieu aux deux visages, l'un regardant vers le passé, l'autre le futur.


Buste de Janus (Musée Chiaramonti - Vatican)

Il est couramment représenté sur le monnayage républicain d'argent ou de bronze: http://www.fredericweber.com/republique/FICHES/FURIA1.htm.

Par contre à l'époque impériale, il se fait beaucoup plus rare. La précédente représentation, n'est pourtant pas très ancienne: Pertinax l'a utilisé en 193 lors de son court règne, sa prise de pouvoir s'étant effectuée un 1er janvier, fête du dieu http://www.acsearch.info/ext_image.html?id=152102.
Géta utilise aussi cette iconographie de Janus debout, mais cette fois avec des attributs ioviens, alors qu'il codirige l'empire avec Caracalla. Il exprime ainsi la dualité de l'empire en 211. Mais les deux hommes se détestent et n'acceptent pas l'idée de partager le pouvoir, Caracalla revendiquant son aînesse et donc une certaine primauté sur son cadet. Cette monnaie est pour Géta l'occasion de montrer à tout l'empire qu'il y a égalité entre les deux co-empereurs. Cependant, il s'agit de l'une des dernières émissions de deniers de Géta avant son assassinat par son frère en 212.

lundi 3 août 2009

Un denier d'Emèse avec la Libéralité

Il semble que deux ateliers syriens aient frappé des monnaies à la fin du IIème siècle pour Septime Sévère, on attribue généralement les monnaies avec les légendes de droit commençant par IMP à l'atelier d'Emèse, ville natale de Julia Domna.


n°S18
Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: IMP CAE L SEP SEV - PERT AVG COS II - Tête laurée à droite.

Revers: LIBER-A - AVG - La Libéralité debout à gauche, tenant une tessère de la main droite et une corne d'abondance de la gauche.

Atelier (année de frappe): Emèse (194)
Références: RSC 283 (25£) - RIC 399 (S) - BMC W375 - BnF 6373
Caractéristiques: Argent, 17mm, 2.88g, 11h.

Note: On peut noter l'épigraphie typique des ateliers orientaux, avec une graphie parfois inspirée du grec. Les légendes de revers sont parfois fautives, en tout cas, les variantes pour un même type sont nombreuses. On trouve ainsi pour ce type des revers avec les inscriptions: LIBER, LIBERT, LIBERA ou LIBERAL.

Commentaire:

Il y a eu des frappes massives de deniers durant l'année 194, lorsque Septime Sévère est en Orient pour combattre l'usurpation de Pescennius Niger. Ce dernier frappe des monnaies depuis Antioche afin de payer ses légionnaires. Les émissions orientales de Sévère viennent en réponse afin de rétribuer ses propres soldats, en évitant le transport de numéraire depuis Rome. Elles servent évidemment aussi de propagande. Ce revers fait référence à une libéralité qui aurait peut-être eu lieu dans la cité syrienne. Il montre ainsi qu'il a donné de l'argent à ceux qui le soutenaient.

dimanche 2 août 2009

Un revers et deux avers: un type de transition pour Caracalla (Rome, 206)

Voici une curiosité: ces deux monnaies datées de 206 ont le même type, même inscription et représentation de revers avec Mars et même titulature de droit. Par contre, sur l'une le portrait est nu ("tête"), l'autre est drapé ("buste"). Il s'agit des derniers deniers où Caracalla apparait drapé, il aura désormais droit comme son père au portrait nu, à l'égal des statues des dieux.


n°C30



n°C15

Dénomination: Denier

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS - PIVS AVG - Buste lauré, drapé à droite (C30), Tête laurée à droite (C15).

Revers: PONTIF TR P - VIIII COS II - Mars, en habit militaire, debout à gauche, s'appuyant sur un bouclier de la main droite et tenant une haste renversée de la gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (206)

Références: C30: RSC 424a (25£) - RIC 83b (C) - BMC S497 - Hill 769 (C) - BnF 6881-2, X.L. 1984/379; C15: RSC 424 (25£) - RIC 83a (C) - BMC S498 - Hill 820 (C) - BnF 6879-80

Caractéristiques: C30: Argent, 18mm, 3.16g, 6h ; C15: Argent, 18mm, 3.41g, 12h.

Note: on observera la différence de traitement entre les deux boucliers. L'un est vu de l'avant avec des rayons partant de l'umbo, l'autre est vu de l'arrière avec la poignée. De même, on notera le traitement des visages très différents d'une monnaie à l'autre, oeuvres de deux graveurs distincts.

Commentaire:

En 206, peut-être en lien avec les quindecennalia de Septime Sévère pour l'année suivante, les decennalia et le deuxième consulat de Caracalla et le premier de Géta, on constate un changement de buste dans les deniers du fils aîné.
Il passe d'un buste, drapé ou drapé et cuirassé, que l'on observe sur toutes les monnaies depuis l'origine (en 196 lors de son accession au césarat), à une tête. Seul l'Auguste adulte, Septime Sévère, a droit sur le monnayage d'argent à des avers avec la tête laurée, mais nue, sans draperie, ni cuirasse. Il est très facile de rassembler cette paire, car le type est commun. Il en est tout autrement avec un autre type, très rare, représentant les Quatre saisons au revers (FELICIA TEMPORA). Si des exemplaires avec la tête sont passées en vente ces dernières années, je ne connais qu'un seul exemplaire avec le buste: il est à la Bibliothèque nationale de France à Paris. Les deux monnaies présentées aujourd'hui permettent donc de dater grâce à la mention de la puissance tribunicienne cette rare émisson de Caracalla.

samedi 1 août 2009

La Concorde des époux - Denier de Plautille (Rome, 202)

Le 15 avril 202, le jeune Auguste de 14 ans, Caracalla, épouse Plautille encore plus jeune. Elle est la fille du Préfet du Prétoire et ami de Septime Sévère, Plautien, également d'origine africaine et apparenté à l'empereur. Ce denier frappé en 202 célèbre la Concorde qui doit régner entre les deux époux.

n°P2
Dénomination: Denier

Impératrice: Plautille

Avers: PLAVTILLA - AVGVSTA - Buste drapé à droite (portrait Pb var).

Revers: CONCORDIA - FELIX - Plautille debout à droite et donnant la main à Caracalla debout à gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (202)

Références: RSC 12 (45£) - RIC 365a (S) - BMC 418 - Hill 586 (S2) - BnF 7000

Caracatéristiques: Argent, 19mm, 3.15g, 6h. - Ex. CGF Monnaies XXI

Note: cet exemplaire est illustré dans le livre "Les monnaies romaines" de L. Schmitt et M. Prieur au n°2833.

Commentaire:

Sur les deniers de Plautille la Concorde peut être personnifiée par une femme portant un diadème et tenant dans les mains un sceptre et une patère ou comme ici par les deux époux se donnant la main. On peut d'ailleurs voir sur un sarcophage romain les deux représentations ensembles (voir ci-dessous). Ce revers avec les deux époux, main dans la main, est paradoxal, car on dit qu'ils ne se sont jamais entendus. En 205, après la disgrâce de Plautien, la jeune femme est exilée aux îles Lipari, puis exécutée sous les ordres de Caracalla en 211 après la mort de Sévère.


La Concorde entre les deux époux (sarcophage du IIIè siècle)- Palazzo Massimo (Rome)

Vesta sur un denier de Julia Domna (Rome, 213)

Julia Domna appartient à la famille des prêtres du culte du dieu d'Emèse en Syrie. Elle épouse le sénateur Septime Sévère à l'été 187 alors qu'il est gouverneur de Gaule Lyonnaise. Le denier présenté ici date du règne de son fils Caracalla et a pour revers la déesse Vesta.

n°J25

Dénomination: Denier

Impératrice: Julia Domna

Avers: IVLIA PIA - FELIX AVG - Buste drapé à droite.

Revers: VE-S-TA - Vesta voilée debout à gauche, tenant le palladium de la main droite et un sceptre de la gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (213)

Références: RSC 230 (25£) - RIC 390 (C) - BMC C29-30 - Hill 1340 (C2) - BnF 6668 (2x)

Caractéristiques: Argent, 19mm, 3.2g, 6h. - Ex. CGB

Note: Portrait caractéristique de Julia Domna après la mort de son mari avec un visage plus dur et une natte sur le côté qui est accrochée à l'arrière de la coiffure.

Commentaire:

Vesta est la déesse du feu et du foyer. Elle porte sur notre monnaie le Palladium, statue de Pallas Athéné ramenée de Troie à Rome par Enée et placée dans le temple de Vesta. Le feu sacré était entretenu par de jeunes vierges, les Vestales, choisies au sein des grandes familles romaines. Il reste encore actuellement des vestiges du petit temple rond de la déesse sur le forum romain.

Temple de Vesta à Rome