samedi 30 juillet 2011

Un buste de transition peu courant pour Géta (Rome, 209)

Ce portrait est caractéristique de l'année 209, où Géta est promu au rang d'Auguste et rejoint ainsi son père et son frère aîné au sommet de la hiérarchie impériale. Durant moins de trois ans, trois Augustes sont au pouvoir, ce qui est un fait sans précédent jusqu'à cette date. Sur notre monnaie, Géta est encore César, comme l'indique la titulature au droit et son portrait ne revêt pas encore la couronne de laurier. Cependant, il a abandonné sur les deniers le buste drapé (avec ou sans cuirasse) qu'il a utilisé depuis ses premières monnaies émises en 198. Ce type de buste (tête nue) est peu utilisé dans le monnayage sévérien, surtout pour un empereur vivant. En effet, ce type de portrait est généralement employé sur les monnaies de consécration où l'empereur apparait dans la nudité des dieux. Il est donc débarrassé des attributs des hommes tels que le paludamentum ou la couronne. En tout cas, ce type monétaire est un type de transition, car il existe aussi avec un buste drapé. Quelques mois plus tard, au passage à l'Augustat, Géta conservera l'absence de draperies sur ces deniers mais portera désormais la couronne laurée.


n° G13

Dénomination: Denier

Empereur: Géta

Avers: P SEPTIMIVS GETA CAES - Tête nue à droite.

Revers: PONTIF COS - II - Géta galopant à gauche et terrassant un ennemi.

Atelier (année de frappe): Rome (209)

Références: RSC 123a (90£) - RIC 64b (R) - BMC S591A - Hill 1056 (R4) - BnF 7060.

Caractéristiques: Argent, 19mm, 3.5g, 7h.

Note: cette monnaie est peu courante, Cohen la cotait 15f or à la fin du XIXème siècle. Cela est confirmé par des ouvrages plus récents (R pour le RIC, 90£ pour le RSC et R4 pour Hill).

Commentaire:

Hill classe cette monnaie dans une deuxième émssion spéciale consacrée à la campagne de Bretagne. La thématique est éminemment guerrière, l'empereur est à cheval armé d'une lance et terrasse un ennemi un genou à terre et tentant de se protéger à l'aide de son bouclier. Cette iconographie sera largement utilisée aux IIIème et IVème siècles et peut faire penser aux images de St Georges terrassant le dragon. Elle prend sa source dans la chasse à cheval au gros gibier où une longue lance sert à mettre à mort l'animal tout en le maintenant à distance.


Chasse au sanglier de Calydon par Méléagre sur un sarcophage romain (Musée d'Ostie antique)

Sur ce sarcophage romain, se développe une scène de chasse que l'on rencontre fréquemment sur ce type de cuve funéraire: la chasse au sanglier de Calydon. Le héros Méléagre a sa vie liée à un tison fatidique que sa mère Althée enlève du feu afin d'éviter qu'il ne meure précocement. Adulte, il participe à la chasse du monstrueux sanglier de Calydon qu'il finit par tuer. Il offre alors la dépouille à Atalante une jeune fille dont il s'est épris et qui la première a blessé l'animal. Mais les oncles de Méléagre, furieux que le prix revienne à une femme, l'arrache des mains de la jeune fille. Méléagre tue les frères d'Althée, mais celle-ci faisant passer ses sentiments de soeur avant ceux de mère, finit par jeter au feu la bûche liée à la vie de son fils, le condamnant ainsi à mort.

dimanche 3 juillet 2011

Une monnaie au trophée de l'atelier d'Emèse datée de 195

Cette monnaie s'insère parmi les dernières émissions frappées à Emèse et est une des rares qui soit clairement datable (TRP III IMP V). Le trophée atteste la commémoration d'une victoire, mais cette dernière n'est pas ici précisément définie. Dans le même temps, l'atelier de Rome mentionne sur les types portant Victoria au revers PART ARAB PART ADIAB soit un succès militaire sur les Arabes et les Adiabènes, alliés des Parthes. Le type monétaire au trophée prend un peu le contrepied du revers avec la Victoire, car on ne met pas en avant le succès militaire, mais les défaites des ennemis qui se retrouvent enchaînés à un poteau chargé de leurs armes désormais inutiles.
On remarquera que la titulature se déployant sur les deux faces de la monnaie répète le deuxième consulat de l'Empereur, mais omet ses titres de Père de la Patrie et de grand Pontife. Sur les monnaies de l'atelier romain, la fin de la titulature de revers finit généralement bien en P P (Pater Patriae).


n° S58 

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: IMP CAE L SEP SEV PERT AVG COS II - Tête laurée à droite.

Revers: TR P III IMP V COS II - Deux captifs debout dos à dos au pied d'un trophée, leur jambe droite fléchie; celui de gauche tient sa tête dans sa main droite et l'autre a les mains liées dans le dos.

Atelier (année de frappe): Emèse (195)

Références: RSC 658 (30£) - RIC 435 (S) - BMC W410 - BnF 6522

Caractéristiques: Argent, 17mm, 3g, 6h.

Note: on notera l'attitude des deux prisonniers. Suivant les types, cette attitude peut changer.

Commentaire:

Durant l'année 195, Septime Sévère reçut pas moins de quatre acclamations impériales (de V à VIII), ce qui signifie que ses généraux ont remporté en Mésopotamie au moins quatre victoires. Les détails dans les textes antiques sont rares et fragmentaires. Voici ce qu'en dit Dion Cassius: "Sévère, ayant de nouveau divisé son armée en trois corps, et ayant donné le commandement de l'un à Laetus, celui d'un autre à Anulinus, enfin, celui du troisième à Probus, envoya ces généraux contre l'Adiabénie. Ceux-ci, ayant envahi cette contrée de trois côtés, la soumirent non sans peine ; quant à Sévère, il accorda des privilèges à Nisibis, dont il confia le gouvernement à un chevalier, et il se vanta d'avoir ajouté un vaste territoire à l'empire, et d'avoir fait de cette ville le boulevard de la Syrie. Mais les événements ont suffisamment montré que cette acquisition a été pour nous la cause de guerres continuelles, ainsi que de frais nombreux, car elle rapporte peu et dépense beaucoup, et nous, étant aux prises avec les Mèdes et les Parthes, nos voisins, nous combattons à chaque instant, pour ainsi dire, pour la défense de ce territoire".


Trophée sur les reliefs de la colonne trajane (Rome)



Prisonniers parthes sur un relief de l'arc de Septime Sévère sur le forum romain (Rome)