samedi 18 décembre 2010

Un prisonnier écrasé par le bouclier de Mars sur un denier de Septime Sévère (Laodicée, 198)

Ce revers est éminemment guerrier, de part sa légende, "à Mars victorieux" et l'iconographie associée. Mais cette tonalité martiale est quelque peu atténuée: nous somme en vérité à un moment où le combat a déjà eu lieu. On y voit en effet le dieu de la guerre reconnaissable à son casque, tenant une haste renversée, signe de que la bataille est terminée et un bouclier. Sa tenue n'est pas celle habituelle du guerrier avec la cuirasse, il porte plutôt une sorte de toge et est à moitié nu, signe de divinité. On a plutôt ici affaire au dieu vainqueur et non au soldat prêt à livré bataille. Son scutum, bouclier légionnaire dans sa forme initiale ovale, est posé sur la tête d'un ennemi captif assis avec les mains liées dans le dos. Le prisonnier est minuscule face à la taille gigantesque du dieu et est dans une position de faiblesse et humiliante face au dieu debout, bombant son torse et exposant ses armes victorieuses. Mars a ainsi contribué à apporter à l'empereur une victoire décisive sur ses ennemis.  


n° S9

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: L SEPT SEV AVG IMP XI PART MAX - Tête laurée à droite.

Revers: MARTI - VICTORI - Mars à demi nu debout à droite, tenant une haste avec la pointe renversée et un bouclier sous lequel est un captif.

Atelier (année de frappe): Laodicée (198)

Références: RSC 321 (25£) - RIC 509 (C) - BMC 665-6 - BnF 6391-3

Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.2g, 11h.

Note: comme généralement à cette époque, les types monétaires sont partagés entre les deux ateliers de Rome et Laodicée.

Commentaire:

La légende de droit précise que Septime Sévère a été acclamé Imperator, c'est-à-dire général en chef pour la onzième fois et proclamé Très Grand Parthique (PARTHICVS MAXIMVS) pour sa victoire sur les Parthes, ennemis héréditaires des Romains. Ces titres ont été donnés à l'empereur durant l'année 198 après la prise de Ctésiphon, capitale de l'empire parthe sur la rive gauche du Tigre en Mésopotamie. Cette onzième acclamation impériale est la dernière du règne enregistrée sur les monnaies. Voici ce que dit l'Histoire Auguste des événements de 198: "Sur la fin de l’été, Sévère entra dans le pays des Parthes, pénétra jusqu’à Ctésiphon, mit le roi en fuite, et s’empara de la ville au commencement de l’hiver: car, dans ces contrées, c’est la saison la plus favorable pour faire la guerre. Ses soldats vivaient de racines, et, par suite de la mauvaise nourriture, avaient contracté de cruelles maladies. La résistance des Parthes, et, en outre, la dysenterie qui régnait dans l’armée, paraissaient s’opposer à ce qu’on allât plus loin : Sévère cependant persista; prit la ville, mit le roi en fuite, et fit un grand carnage des ennemis. Ce succès lui mérita le surnom de Parthique."


Mars au revers du denier

dimanche 28 novembre 2010

La Fidélité de l'armée portant des enseignes sur un denier de Géta (Rome, 211)

Cette monnaie de Géta Auguste date de 211 et du court règne conjoint des deux frères. Elle fait partie d'une émission spéciale célébrant les victoires de la campagne britannique. Les empereurs ont signé une trêve avec les Calédoniens et sont rentrés à Rome. Au revers est représentée Fides Exercitum, la Fidélité des armées, portant des enseignes. La signification de l'image est renforcée par la légende FID EXERC.


n° G6

Dénomination: Denier

Empereur: Géta

Avers: P SEPT GETA PIVS - AVG BRIT - Tête laurée à droite.

Revers: FID EXERC TR P III - COS II - Fides debout de face, tête à gauche, tenant une enseigne plantée verticalement dans le sol et une aigle légionnaire transversalement; derrière elle à droite, une deuxième aigle légionnaire fichée au sol.

Atelier (année de frappe): Rome (211)

Références: RSC 50a (55£) - RIC 74A (R) - BMC G116-7 - Hill 1241 (R4) - BnF 7023

Caractéristiques: Argent, 20mm, 3.01g, 1h. - Ex. CGF Monnaies XXI

Note: cet exemplaire est illustré dans le livre "Les monnaies romaines" de L. Schmitt et M. Prieur au n°2849

Commentaire:

La Fidélité des armées apparait sur le monnayagede Géta au moment où il en a le plus besoin. Les deux frères règnent en effet ensemble et leur rivalité atteint son paroxysme après la mort de Septime Sévère qui était garant d'une certaine unité du pouvoir, malgré une direction tricéphale depuis 209. La personnification qui est représentée ici n'est donc pas la déesse Fides qui a un temple sur le Capitole, mais est plutôt un symbole de la fidélité et du soutien des soldats à son général en chef. Dans la même émission, Caracalla préfère mettre en avant l'un des dieux tutélaires de Lepcis Magna, cité d'origine du père et tout récent dieu, Septime Sévère.
Il est très difficile de distinguer précisément les détails des enseignes (signa militaria) sur ces deniers de Géta. Certaines semblent être surmontées d'une aigle légionnaire et on peut constater qu'il y a une certaine liberté dans les représentations. L'enseigne de cohorte, manipule ou centurie, comme le vexillum de cavalerie ou l'aigle de la légion, est très souvent représentée sur les reliefs mettant en scène l'armée. Elle symbolise l'unité concernée et est constituée d'une hampe sur laquelle est fixée différents ornements métalliques: phalères (disques parfois ornés), croissants, globes, couronnes de chênes, pendeloques, etc. Son but est avant tout tactique, car sa forme lui permet d'être vue de loin par les hommes et elle sert donc de point de ralliement durant les phases de combat. Les ordres militaires font souvent référence aux enseignes comme "signa inferre !" qui signifie "en avant !" ("à l'attaque !"). Elle peut aussi avoir une fonction religieuse si une divinité est accrochée à son sommet. Elle est portée par un porte-enseigne (signifer) revêtu d'une peau d'ours ou de loup. Lorsque les unités sont à l'arrêt dans un campement, elles sont plantées dans le sol et on peut voir sur la monnaie à la base de l'enseigne un système de cran d'arrêt évitant qu'elle soit fichée trop profondément dans le sol.


Relief de l'arc de Constantin (face sud) à Rome datant de l'époque de Marc Aurèle: l'empereur interrogeant un prisonnier germain. A l'arrière des enseignes.



Détails des enseignes sur le relief ci-dessus de l'arc de Constantin.

vendredi 12 novembre 2010

La mort de Julia Domna: un paon sur un denier de l'impératrice divinisée

Au droit de ce denier on observe le seul buste voilé de l'impératrice pour cette dénomination. Elle apparaît ainsi divinisée à l'égale de Junon ou de Vesta qui portent souvent un voile. Au revers, le paon, oiseau-emblème de Junon fait la roue, attitude impressionnante qui met en valeur la beauté et les couleurs de l'animal qui est lié à la légende du géant Argus. Le paon est un oiseau qui a été très tôt ramené d'Inde, car il impressionnait les Anciens. En effet, l'oiseau mue et perd donc ses plumes qui se regénèrent ensuite. Il devient ainsi symbole d'immortalité et donc de l'apothéose des impératrices. On le retouve donc sur les monnaies des princesses divinisées, emportant parfois dans les cieux l'âme de la défunte.


n° J37

Dénomination: Denier

Empereur: Elagabale

Avers: DIVA IVLIA - AVGVSTA - Buste voilé, drapé à droite de Julia Domna.

Revers: CONSECRATIO - Paon marchant à gauche, faisant la roue.

Atelier (année de frappe): Rome (218)

Références: RSC 24 (350£) - RIC 395 & Sev. Alex. 715 (R2) - BMC Elag. 9 - BnF 6583

Caractéristiques: Argent, 19mm, 2.21g, 12h. - Ex. FAC

Commentaire:

Julia Domna ne survécut pas longtemps à la mort de son fils ainé Caracalla. Elle souffrait en effet d'un cancer du sein et a peut-être mis fin à ses jours afin d'abrégrer ses souffrances. Voici ce que dit Dion Cassius :
"Julia [...] se trouvait à Antioche ; lorsqu'elle apprit sa mort, elle fut tellement affectée sur le moment qu'elle se frappa avec force la poitrine et essaya de se laisser mourir de faim. [...] [lorsqu'elle apprit les discours qu'on tenait à Rome sur son fils,] elle n'eut plus d'amour pour la vie ; déjà pour ainsi dire, rongée par le cancer qu'elle avait au sein, cancer qui, resté fort longtemps presque stationnaire, avait été alors irrité par les coups qu'elle se donna en se frappant la poitrine à l'occasion de la mort de son fils, elle se laissa mourir de faim. Après s'être élevée si haut, malgré son origine plébéienne, après avoir, pendant le règne de son mari, mené une vie remplie de douleurs par Plautianus, après avoir vu le plus jeune de ses deux fils égorgé dans ses bras, avoir haï l'aîné tant qu'il vécut, et avoir appris la manière dont il avait été tué, elle tomba vivante du pouvoir et elle se donna la mort [...] Voilà quel fut le sort de Julia ; son corps, rapporté à Rome, fut déposé dans le monument de Caius et de Lucius ; plus tard, néanmoins, ses os, ainsi que ceux de Géta, furent transférés, par les soins de Maesa, sa soeur, dans l'enceinte consacrée à Antonin."
Hérodien retient également la thèse du suicide, sans évoquer cependant la maladie : "Cependant Macrin, après avoir livré aux flammes le corps d'Antonin, envoya ses cendres renfermées dans une urne, à sa mère Julia, alors à Antioche, afin qu'elle pût lui rendre les honneurs de la sépulture. Cette princesse à qui deux assassinats avaient ravi ses deux fils, cédant à son désespoir ou obéissant à quelque ordre secret, se donna la mort. "

Ce denier a donc été frappé après la mort de Julia Domna en 217. Cette monnaie est une histoire de famille... Il a certainement été émis en 218 sous le règne de son petit-neveu Elagabale, fils de sa nièce Julia Soaemias et petit-fils de sa soeur Julia Maesa qui apparaissent aussi toutes deux sur des monnaies. Le RIC classe cette monnaie plutôt sous le règne suivant de Sévère Alexandre cousin d'Elagabale, fils de Julia Mamaea, soeur de Soaemias. Ces deux jeunes empereurs sont les derniers de la famille des Sévères, même s'ils sont en réalité de la lignée syrienne de Bassianus.


Arbre généalogique des Sévères

vendredi 5 novembre 2010

Vénus et des captifs sur un antoninien

Tous les antoniniens de Caracalla sont datés par la présence au revers du nombre de puissances tribuniciennes, sauf pour deux types: Vénus debout portant une Victoriola et Vénus debout entre deux captifs portant un casque. Dans les deux cas, elle tient également un sceptre long et s'appuie sur un bouclier. Hill place ces deux monnaies dans une même émission en 216. Ce type est plus rare que celui avec Vénus portant la Victoire (2.37% du total des antoniniens de Caracalla contre 16.58% selon une étude statistique réalisée sur 591 antoniniens pointés). Le trésor de Marcianopolis (Réka-Devnia) qui est le plus gros trésor sur la période en recense 8 contre 33 pour le type plus courant, ce qui représente une proportion plus importante que sur mon comptage. Sans être rare, ce type fait malgré tout partie des antoniniens peu communs. Ce type aurait été précédé un peu plus tôt (en 215 selon Hill), comme la Vénus sans les captifs, d'un type avec la légende au datif: VENERI VICTRICI. Retrouvé à deux exemplaires (sur 176) par Mouchmov dans le trésor de Marcianopolis, il n'a pas été observé dans mon recensement de 591 monnaies (BM, BnF, ventes aux enchères, boutiques sur internet).


n° C54

Dénomination: Antonionien

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS PIVS AVG GERM - Buste radié à droite, drapé et cuirassé vu de l'arrière.

Revers: VENVS VICTRIX - Vénus debout à gauche, tenant un casque de la main droite et un sceptre long de la gauche, son coude gauche appuyé sur un bouclier; deux captifs assis de part et d'autre.

Atelier (année de frappe): Rome (216)

Références: RSC 612b var. (65£) - RIC 312c var. (S) - BMC 86 var. - Hill 1521 (R) - BnF 6961

Caractéristiques: Argent, 22mm, 4.89g, 5h. - Ex. Gorny & Mosch Auktion 170 n°2471

Note: Le RSC recense comme le RIC une variante avec un buste cuirassé (RSC 612, RIC 312b) et drapé (RSC 612a, RIC 312a). Sur cet exemplaire, il est drapé et cuirassé comme sur celui du British Museum (BMC 86), mais dans cette collection on voit au revers que le bouclier écrase le captif de droite (RSC 612b, RIC 312c). Il n'y a peut-être pas lieu de distinguer cette variante.

Commentaire:

Les deux captifs sont représentés dans l'attitude de la tristesse et non attachés dans le dos comme on a l'habitude de les voir de part et d'autre d'un trophée par exemple. Ici, le trophée est remplacé par Vénus, mais en compagnie d'éléments composant habituellement ce genre de représentation, un casque et un bouclier. En empruntant les attributs de son mari Mars, dieu de la guerre, la déesse de l'amour s'est transformée en guerrière. Cette monnaie illustre en fait le projet raté de mariage de Caracalla avec la fille du roi des rois parthe et qui se transforme en expédition militaire.

mardi 26 octobre 2010

Des Africains à l'allure parthe - Denier de Septime Sévère (Rome, 207)

Contrairement à la monnaie à la Victoire au bige qui est non datée, ce denier au trophée est datée de 207 grâce à la présence au revers de la quinzième puissance tribunicienne. Hill place cette monnaie au sein de la 27ème émission du règne conjoint de Sévère et Caracalla à la fin de l'année 207. Les textes antiques sont assez pauvres sur ces années qui vont de la chute de Plautien jusqu'au début de la campagne britannique en 208. Cependant, les monnaies de cette période sont très riches iconographiquement et comptent parmi les plus spectaculaires du règne. Celle présentée ici est plus classique avec la représentation d'un trophée et de deux captifs à ses pieds.
Même si aucun texte ne parle d'un voyage impérial sur le continent africain en 207, il y a bien une unique inscription de Sicca Veneria en Afrique Proconsulaire, la province natale de l'empereur, et datée de 208 qui fait allusion à des embuscades (insidiae) dressées par des hostes publici, c'est-à-dire des ennemis publics. Cette inscription fait donc plus référence à un complot qu'à des raids de tribus hostiles. Il est donc curieux que l'empereur se soit déplacé lui-même pour mettre fin à cette situation. Pourtant la monnaie présentée ici, comme d'autres, font référence à une intervention et une victoire militaire.


n° S83

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: P M TR P XV COS III P P - Trophée avec à sa gauche un captif assis à gauche dans l'attitude de la tristesse et à droite un captif debout à droite, les mains liées dans le dos.

Atelier (année de frappe): Rome (207)

Références: RSC 498 (35£) - RIC 214 (S) - BMC 541 - Hill 923 (R4) - BnF 6469-70

Caractéristiques: Argent, 20mm, 3.19g, 6h. - Ex. CGF Monnaies 38 n°666

Commentaire:

On s'accorde donc à dire que le trophée au revers de ce denier commémore la victoire de l'empereur en Afrique sur des tribus révoltées du désert saharien. Les provinces africaines sont en effet vitales pour l'Empire et il est important que les échanges commerciaux avec Rome soient assurés.
Le trophée lui-même a ici une iconographie qui est stéréotypée, on s'imagine en effet mal les tribus africaines portant une cuirasse qui est souvent l'apanage des officiers romains. Les captifs sont eux aussi des stéréotypes, même si ici leur attitude est un peu inhabituelle. Sur les représentations monétaires de trophées avec captifs durant le règne de Septime Sévère, les prisonniers sont généralement tous deux assis les mains attachées dans le dos. L'habillement est celui de parthes ou de daces avec tunique et bonnet "phrygien". On est en présence sur ce denier d'une variante de ce type classique non pas par leur vêtement mais par leur attitude. Le personnage de droite est en effet debout, la jambe gauche fléchie. Il s'agit d'un homme, car barbu et porte une sorte de cape qui lui recouvre l'avant du corps. La barbe est très certainement intentionnelle afin de contraster avec le personnage de gauche. Ses mains sont liées dans le dos.


Détail du revers: personnage à droite du trophée

Le personnage de gauche est au contraire habillé, il est revêtu d'une longue tunique ou robe et est très certainement de sexe féminin. Cette personne est assise sur un casque ou une cuirasse dans l'attitude de la tristesse ou de la mélancolie, le bras droit replié et le poing sur le menton. Il s'agit souvent d'une province qui est représentée ainsi après une défaite.


Détail du revers: personnage à gauche du trophée

On a une représentation similaire sur un sesterce de Domitien où le personnage de gauche est interprété comme la Germanie. On remarquera en passant le traitement du trophée dont l'axe fait référence à l'arbre d'origine.


Sesterce de Domitien à la légende GERMANIA CAPTA (Musée de Xanten)

Doit-on pour autant considérer ce personnage attristé sur le denier de Sévère comme une province? Bien sûr que non! Aucune conquête n'est mentionnée en 207 et l'habillement des captifs montre parfaitement que l'on est en présence d'un motif stéréotypé repris sur des types plus que centenaires. Cependant on ne peut que s'étonner de la publicité faite par le pouvoir à propos de ces opérations de pacification en Afrique.


Détail d'un trophée et de captifs sur le sarcophage de Portonaccio daté des environs de 190 (Museo Nazionale Romano, Palazzo Massimo - Rome)

dimanche 17 octobre 2010

Le 15 avril 202: un mariage romain - Deniers de Caracalla et Plautille (Rome, 202)

En 202, lors des fastueuses festivités célébrant les décennales de Septime Sévère et son triomphe parthique, l'empereur organisa aussi le mariage de son fils Antonin Caracalla avec la fille de son meilleur ami et préfet du Prétoire Plautien. Cette union renforçait (provisoirement...) la puissance de cet homme fortuné. Caracalla venait d'avoir 14 ans, mais on ne connait pas l'âge de la future épouse, Plautille, mais on suppose qu'elle était également très jeune.
Dion Cassius parle de l'événement en ces termes: "On célébra aussi les noces d'Antonin, fils de Sévère, et de Plautilla, fille de Plautianus ; la dot donnée par celui-ci était assez forte pour suffire à cinquante filles de rois. Nous la vîmes porter au palais à travers le Forum. On nous fit également un festin qui tenait à la fois et de la magnificence des rois et de la grossièreté des barbares, festin où on nous donna tout ce qu'on a coutume de servir cuit et cru, et même des animaux vivants." Les deux jeunes mariés sont apparentés, car Septime et Plautien sont cousins du côté de la mère de l'empereur. Malgré les voeux de Concorde heureuse et éternelle inscrits sur les revers de ces monnaies, le mariage des deux jeunes princes sera un échec. 
Les deux deniers présentés ici sont classés par Hill dans deux émissions distinctes: tout d'abord une émission spéciale (la deuxième) consacrée au mariage pour Plautille et la 15ème émission qui la suit immédiatement pour Caracalla. Il existe aussi au sein de cette dernière des monnaies similaires pour Plautille mais avec la légende CONCORDIA FELIX.


n°C45


n°P7

Dénomination: Denier

Empereur et impératrice: Caracalla et Plautille

Avers: ANTONINVS - PIVS AVG - Buste drapé et lauré à droite (C45) ; PLAVTILLAE AVGVSTAE - Buste drapé à droite (portrait Pa) (P7). 

Revers: CONCOR-DIA - FELIX (C45) ; CONCORDIAE AETERNAE (P7) - Plautille debout à droite et donnant la main à Caracalla debout à gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (202)

Références: C45: RSC 23 (40£) - RIC 124a (S) - BMC S272-3 - Hill 581 (S2) - BnF 6690-1 ; P7: RSC 10 (45£) - RIC 361 (S) - BMC 401-4- Hill 575A (C) - BnF 6996-8 (+1 exemplaire J&M Delepierre 1966)

Caractéristiques: C45: Argent, 19mm, 2.8g, 7h. - Ex. Creusy ; P7: Argent, 17mm, 3.28g, 6h. - Ex. HD Rauch Sommerauktion 2008 n°753

Note: Sur cette monnaie Plautille porte la coiffure chronologiquement la plus ancienne présente sur ses deniers (portrait Pa). La légende au datif est également la première, elle sera remplacée ensuite par la légende au nominatif en même temps que le passage au portrait Pb.

Commentaire:

A. Daguet-Gagey dans sa biographie sur Septime Sévère donne des informations intéressantes sur le déroulement des noces et rend très vivant le récit de celles-ci. Je me permets de retranscrire ici librement son propos. J'invite tous les passionnés par cette période à lire son ouvrage.
Le mariage, comme la plupart des actions des Romains, s'accompagne de rituels et de sacrifices aux dieux. Caracalla et Plautille se rendent ainsi dans la journée avec leurs familles dans un sanctuaire où des animaux (généralement un porc ou une brebis) sont immolés. Une prise d'auspices a lieu afin que l'union ait l'assentiment des divinités consultées. Plautille a revêtu pour l'occasion la traditionnelle tunique sans ourlets, un manteau safran et des sandales de mêmes teintes. Puis, les promis échangent leurs consentements: Ubi tu Antoninus, ego Plautilla que l'on peut traduire par "là où tu seras Antonin, là je serai, moi Plautille". La foule présente sur les lieux clame alors Feliciter! Feliciter! Le festin se déroule ensuite en présence de tout le gratin aristocratique de Rome dont de nombreux sénateurs, ainsi que d'hôtes illustres dont certains venant de loin comme le roi Abgar VIII d'Edesse. Dion Cassius, dans l'extrait cité en introduction, dénonce les comportements de parvenu de l'empereur avec cette profusion et variété de nourriture qui sont très loin de l'antique vertu romaine faite de frugalité, de retenue, de sobriété. Enfin, à la tombée de la nuit,les mariés se rendent en cortège dans leur demeure privée dans une aile réservée du palais impérial sur le Palatin. A l'entrée de la demeure éclairée par une torche d'aubépines tressées, la jeune mariée franchit le seuil sans toucher le sol, portée par des bras amis.


Vestiges de la Domus Severiana (dont il ne reste principalement que l'ensemble thermal), le palais de l'empereur sur le Palatin, commencé par ses prédecesseurs et agrandi par Septime Sévère.

samedi 9 octobre 2010

Une personnification hybride et une rare titulature sur un denier de Septime Sévère (Emèse, 194)

Cette monnaie, orientale par le style, a été frappée en 194 au début du règne de Septime Sévère. Au revers on trouve la Fortune avec un de ses attributs classiques: la corne d'abondance, mais sans ses autres attributs que sont le gouvernail ou la roue. Elle est coiffée du calathos, cette corbeille s'évasant vers le haut et servant de mesure à grain. Elle tient également dans sa main droite des épis de blés. Même si la légende fait référence à la Fortune, il s'agit plutôt ici d'une représentation de Cérès, la déesse de l'agriculture et des moissons. Mais, peut-être s'agit-il d'un rameau dans la main droite? Dans ce cas, il s'agirait d'un mélange Fortuna-Pax. Cette hybridation des personnifications est typique des ateliers orientaux, on la retrouve aussi chez Pescennius Niger, par exemple.
Malgré ce type de revers intéressant et rare dans le monnayage romain, l'intérêt de ce denier est aussi au droit. Regardons donc de plus près la légende d'avers...


n°S94

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: IMP CAE L SEP SE-V PERT AVG II C - Tête laurée à droite.

Revers: FORTVNA-E REDVCI - Fortuna assise sur un siège bas à gauche, tenant une corne d'abondance de la main gauche et des épis de la main droite.

Atelier (année de frappe): Emèse (194)

Références: RSC / - RIC / - BMC / - BnF /

Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.53g, 12h. - Ex. Guy Braun

Note: Cette monnaie est connue désormais à trois exemplaires (Vienne, coll. maridvnvm, coll. septimus) avec un seul coin de droit et deux coins de revers. Notre monnaie est de même coin d'avers et de revers que l'exemplaire de la collection maridvnvm. Je remercie Curtis C. Clay pour les informations fournies sur cet intéressant denier oriental.

Commentaire:

On observe en effet une titulature très inhabituelle au droit (IMP CAE L SEP SEV PERT AVG II C) et qui fait penser à la légende abondamment utilisée par Septime Sévère à Emèse : IMP CAE L SEP SEV PERT AVG COS II. Outre le fait que le G de AVG ressemble à un C, ce qui est classique sur les inscriptions orientales, on remarque immédiatement l'inversion du C, abréviation de COS pour CO(N)S(VL), et du nombre II. On trouve aussi des variantes en II COS ou II CO. Cette légende se place certainement à une période où l'atelier n'a pas encore bien fixé sa légende de droit entre COS I et COS II (les frappes seront beaucoup plus massives pour cette dernière titulature). A l'heure actuelle, seuls trois coins sont référencés pour cette légende d'avers. Par contre, les revers combinés sont nombreux, une petite vingtaine, mais tous connus à moins de trois exemplaires. On y trouve Cérès, Fortuna, Bonus Eventus, etc. La monnaie référencée qui se rapproche le plus de notre exemplaire est la monnaie BMC W364, mais cette dernière présente la légende FORTVNAE RE REDVC au revers.

dimanche 26 septembre 2010

Le retour à Rome des deux frères et un gouvernail pris pour une colonne - Denier de Caracalla (Rome, 211)

Cette monnaie s'inscrit dans la courte période du règne conjoint de Caracalla et Géta au cours de l'année 211, leur père mourant le 4 février 211 à York. Le fils cadet de Septime Sévère étant assassiné au tout début de l'année 212, cette période de règne conjoint des deux frères s'étend donc sur une période d'à peine un an. Cette monnaie célèbre le retour de Bretagne des deux frères avec les cendres de leur père.
Voici ce qu'en dit Hérodien: "Les deux frères convinrent donc de partager également les honneurs du rang suprême; ils voulurent quitter la Bretagne et partirent pour Rome, emportant les restes de leur père. Le corps du prince avait été livré aux flammes, et ses cendres avaient été renfermées avec des parfums dans une urne d'albâtre, que ses fils devaient placer à Rome dans le tombeau des empereurs. Ils se mirent à la tête de l'armée, passèrent l'Océan, et débarquèrent en triomphateurs dans les Gaules. [...] Après sa mort, ses jeunes fils partirent en toute hâte pour Rome, accompagnés de leur mère. Pendant la route, la discorde commença de nouveau à se manifester entre eux. Ils logeaient séparément, ne mangeaient jamais ensemble et se défiaient de tous les mets, de tous les breuvages. Chacun d'eux craignait d'être devancé par l'autre et de recevoir un poison des mains de son rival ou de celles d'un agent secret. Cette inquiétude même hâtait leur voyage." 
La monnaie présentée ici représente au revers Fortuna, la Fortune du Retour (FORT RED), celle du voyage sans encombre de l'île de Bretagne à Rome. La suite de l'inscription prolonge la titulature de Caracalla avec son nouveau titre de Pontife suprême (P M), sa quatorzième puissance tribunicienne (TR P XIIII) qui nous permet de dater l'émission de 211 et le titre de Père de la Patrie (P P). Les inscriptions P M et P P nous assurent que cette monnaie date d'après la mort de Septime Sévère, donc du règne conjoint de Caracalla et Géta. On ajoutera enfin que contrairement au temps de leur père, le titre de Père de la Patrie est partagé entre les deux corégnants comme indiqué par l'historien grec, mais que Caracalla en tant qu'aîné s'arroge seul le titre religieux de Pontife suprême qui ne peut être partagé.


n°C76

Dénomination: Denier

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS PIVS AVG BRIT - Tête laurée à droite.

Revers: FORT RED P M TR P XIIII COS III P P - Fortuna debout à gauche, tenant une corne d'abondance de la main droite et appuyant son bras gauche sur un gouvernail renversé, une roue à ses pieds.

Atelier (année de frappe): Rome (211)

Références: RSC 84 (30£) - RIC 189corr. (C) - BMC G1-2 - Hill 1273 (S2) - BnF 6715-6

Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.13g, 12h. - Ex. Freeman & Sear Mail Bid Sale #17 n°479  - Ex. Collection A. Lynn - Ex. CNG eAuctions 25/02/01 n°61739

Commentaire:

La Fortune porte ici comme sur la statue du Vatican ces attributs traditionnels: corne d'abondance et gouvernail, une roue étant à ses pieds. Cette représentation précise est unique dans le monnayage romain d'Auguste à Emilien (Typenatlas de F. Schmidt-Dick). On remarquera que le gouvernail est ici porté à l'envers: l'axe touche le sol, alors que la partie qui est normalement immergée donc vers le bas, le safran, est vers le haut. L'incongruité de la position du gouvernail a d'ailleurs même entraîné Cohen à y voir une colonne dans son catalogue de 1884. Cette erreur est ensuite reprise par le RIC.


Une représentation classique d'un gouvernail portée par "La Seine" d'A. Coysevox (1706) - (Musée du Louvre - Paris)

Terminons par Hérodien qui racontre l'arrivée triomphale des deux jeunes empereurs à Rome, grâce aux bons soins de la Fortune: "A leur arrivée, le peuple alla à leur rencontre avec des branches de laurier ; le sénat leur présenta ses hommages. Les deux princes, revêtus de la pourpre impériale, ouvraient le cortège; les consuls les suivaient, portant l'urne où reposaient les restes de Sévère. On accourait pour saluer les nouveaux empereurs, et l'on s'inclinait religieusement devant l'urne funéraire. C'est dans cet appareil pompeux qu'ils la déposèrent au temple où sont placés les tombeaux de Marc-Aurèle et de ses prédécesseurs."


Le Château Saint-Ange, mausolée de Marc-Aurèle, de ses prédécesseurs et de Septime Sévère (Rome)

dimanche 5 septembre 2010

Un mystérieux changement de prénom - Denier de Géta (Laodicée, vers 198)

Spes a une iconographie qui n'évolue pas durant toute l'époque impériale et les variantes sont rares. Elle tient toujours de la main droite son attribut principal, une fleur, qui suffit à lui seul à la reconnaitre. On trouve dans le monnayage sévérien les légendes de revers BONA SPES, SPES PVBLICA ou encore comme ici SPEI PERPETVAE. Cette dernière, "à l'espérance durable", place le jeune le prince sur une destinée de futur empereur. Cependant, il sera César presque douze ans, c'est-à-dire prince héritier, alors que le titre d'empereur en titre, Auguste, il ne le revêtira jamais seul et ne le portera que trois ans à la fin de sa courte vie. 


n° G24

Dénomination: Denier

Empereur: Géta

Avers: L SEPTIMIVS - GETA CAES - Buste, tête nue, drapé et cuirassé à droite.

Revers: SPEI PER-PETVAE - L'Espérance marchant à gauche, tenant une fleur de la main droite et relevant sa robe de la gauche.

Atelier (année de frappe): Laodicée (198)

Références: RSC 192a (35£) - RIC 96corr. (S) - BMC 688 - BnF 7089

Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.06g, 6h. - Ex. CGB

Note: ce type n'existe pas à Rome pour Géta, mais seulement pour Caracalla. Nous avons daté ce denier de 198 au vu du portrait juvénile de Géta, mais il pourrait aussi être daté de 199, voire 200. Ce denier existerait aussi avec buste drapé seul, or dans le BMC les deux monnaies présentes ne sont pas illustrées. De même, Cohen fait une erreur (reprise par le RIC) en citant l'exemplaire du Cabinet de France. Cette monnaie (inventaire 7089) a bien un buste drapé et cuirassé. Il est possible étant donnée la finesse des ptéryges ou comme sur l'exemplaire présenté ici que ces dernières, sur les monnaies de Londres, ne soient visibles qu'à la loupe car très effacées.

Commentaire:

La légende de droit L SEPTIMIVS GETA CAES est la toute première portée par le jeune César en 198. Elle commence par son prénom, le même que son père, Lucius. En 199, il change de praenomen pour celui de Publius et ajoute le pontificat à sa titulature. Il semblerait qu'à Laodicée les monnaies à légende portant le L de Lucius aient continué à être frappées, alors qu'à Rome les monnaies avec une légende de droit commençant par P étaient déjà diffusées par l'atelier monétaire. Ce changement est à l'heure actuelle encore mystérieux. Il faut cependant noter que le frère de Septime Sévère s'appelait P. Septimius Geta et ce changement a ainsi permis de créer une relation plus étroite entre le fils cadet de l'empereur et son oncle. L'Histoire Auguste rapporte cette identité de nom entre les deux hommes, mais aussi avec le grand-père paternel: "Geta autem dictus est vel a patrui nomine vel avi paterni..." Septime a donc voulu que son fils ait le même prénom, nom et surnom que son grand-père et que son oncle, alors qu'à la naissance père et fils avaient le même prénom. Mattingly dans le BMC indique que le frère de Septime Sévère n'avait demandé aucune faveur à l'empereur et qu'il est difficile de comprendre la raison pour laquelle une relation plus étroite aurait pu être demandée. Il faut certainement voir dans ce changement un renforcement du lien entre grand-père et petit-fils, plutôt qu'entre oncle et neveu.

samedi 28 août 2010

Neptune sur un denier de Septime Sévère (Rome, 209)

Cette monnaie est classée par Hill dans la première émission du règne conjoint de Septime Sévère, Caracalla et Géta. C'est la première fois qu'officiellement trois Augustes sont au pouvoir. La dix-huitième puissance tribunicienne date ce denier de 209 alors que les empereurs sont en Bretagne. La traversée a dû se faire depuis le port d'embarquement de Boulogne (Gesoriacum). Sévère remercie ainsi le dieu des mers pour la traversée sans encombre de la Manche avec ses légions. Il faut dire que la province de Bretagne constitue le finistère de leur empire, une île un peu à l'écart, face aux rochers et aux flots de l'Océan. Les Romains, peuple terrestre et non marin, craignent le dieu des mers dont les colères, matérialisées par des tempêtes sont redoutables et redoutées. On pensera bien évidemment aux mésaventures d'Ulysse errant vingt années en Méditerranée à cause du courroux de Poséidon, l'équivalent grec de Neptune.


n° S19

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: P M TR P XVII - COS III P P - Neptune debout à gauche, nu avec un manteau sur l'épaule, le pied droit sur un rocher, tenant un trident de la main gauche, la main droite reposant sur son genou droit.

Atelier (année de frappe): Rome (209)

Références: RSC 529 (25£) - RIC 228 (C) - BMC G3-4 - Hill 1059 (C) - BnF 6482 

Caractéristiques: Argent, 18mm, 2.77g, 12h.

Note: Il s'agit de la première apparition de Neptune dans le monnayage de Septime Sévère. Notons que Septime Sévère est le seul de la famille à faire figurer cette divinité sur ses monnaies, par ailleurs toutes des deniers.
On retrouvera Neptune sur les deniers de Sévère en 210, puis en 211, dernière année du règne de l'empereur africain.

Commentaire:

Neptune est immédiatement reconnaissable à son attribut principal, le trident. Cette longue fourche pouvant servir à la pêche est aussi l'arme du rétiaire, ce gladiateur maniant le filet, autre instrument de pêche.
Le dieu des mers est souvent représenté sur les monnaies romaines afin de célébrer des victoires navales, comme par exemple sur les asses avec Agrippa à l'avers. Neptune, dieu des navires et de la navigation, est également celui des chevaux. Contrairement aux autres dieux dont les offrandes étaient jetées au feu, les divinités aquatiques avaient les leurs jetées dans les eaux.
La statuette d'une trentaine de centimètres ci-dessous date du I ou IIème siècle ap. J.-C. et a été retrouvée à Divodurum, l'actuelle Metz. Neptune tenait dans sa main droite, comme sur la monnaie, un trident. Comme il règne sur toutes les eaux, mers et océan, mais aussi fleuves et rivières, de nombreuses statuettes de cette divinité on été retrouvées près des cours d'eau, en Gaule notamment.


Statuette en bronze de Neptune (Musée du Louvre, Paris)

samedi 21 août 2010

Les dernières monnaies émises à Laodicée pour Septime Sévère (202)

Cette monnaie au portrait caractéristique du "nouveau style" de l'atelier de Laodicée fait état du troisième consulat de Septime Sévère. On peut donc dater cette monnaie de 202, année vraisemblable de fermeture du dernier atelier syrien de monnayage impérial encore en activité. Cette monnaie fait donc partie des dernières émises à Laodicée et il n'y a pas d'autres monnaies datables de 202 dans cet atelier oriental.
Ce nouveau style plus soigné reprend très souvent des types romains et présente une gravure moins fruste et avec moins d'erreurs de légendes que durant la première phase d'activité (jusqu'en 198).


n° S12

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: COS - I-I-I - P-P - Victoire marchant à gauche tenant une palme de la main gauche et tendant une couronne de la main droite.

Atelier (année de frappe): Laodicée (202)

Références: RSC 102 (25£) - RIC 526 (C) - BMC 732-3 - BnF 6301-2

Caractéristiques: Argent, 18mm, 2.81g, 6h.

Note: une monnaie avec mention du deuxième consulat existe aussi à Laodicée

Commentaire:

Victoria, devenue divinité, est présente partout: pièces de monnaies, sculptures célébrant une victoire militaire, autels comme celui de Rome et d'Auguste au sanctuaire fédéral des trois Gaules à Lugdunum, bas-reliefs, etc. Elle symbolise la victoire sous toutes ces formes et devient même un élément décoratif parmi d'autres.
Sur ce buste de jeune femme inconnue du Musée du Louvre, daté vers 120-130 ap. J.-C., la Victoire présente sur le vêtement n'a pas de connotation guerrière. Les spécialistes estiment qu'il s'agit-là du portrait d'une poétesse et la Victoire ferait allusion à un concours de poésie remportée par cette femme, "l'expression inspirée des grands yeux extatiques appuie cette hypothèse" indique la notice.


Buste d'une inconnue de l'ancienne collection du cardinal de Richelieu (Musée du Louvre, Paris)

La représentation de la Victoire est ici "canonique" avec sa longue robe romaine, ses ailes et ses deux attributs principaux la palme du gagnant (concours sportif, cirque...) et la couronne de laurier qu'elle tend au triomphateur. La même image est donc reproduite sur la monnaie et sur cette sculpture et est le signe d'un langage commun compris de tous.


Détail de la Victoire sur la tunique du buste d'inconnue

mardi 27 juillet 2010

Le surnom de Caracalla et ses titres sur un denier (Rome, 200)

Caracalla n'est que le surnom (cognomen) du jeune prince, il n'apparait donc pas sur les monnaies. Il s'agit en fait du nom d'un manteau gaulois qu'il affectionnait parait-il beaucoup. Voici ce qu'en dit l'Histoire Auguste: "Quant à son nom de Caracallus, il lui vint d'un type de vêtement qu'il avait fait distribuer au peuple et qui tombait jusqu'aux talons, ce qui ne se faisait pas auparavant. C'est pour cela  qu'aujourd'hui encore on donne le nom d'"antoninien" à ce genre de manteaux - caracalla - très utilisé par la plèbe romaine." Dion Cassius, qui est une source plus sérieuse apporte également son témoignage: "En effet, en Syrie et en Mésopotamie, il fit usage de l'habit et de la chaussure des Celtes. Il imagina une sorte de vêtement d'une coupe barbare, composé de morceaux cousus en forme de lacerne ; il s'en revêtit fréquemment, ce qui lui valut le surnom de Caracallus, et ordonna que les soldats surtout en fussent couverts." Son vrai nom est en fait Bassianus et son nom d'empereur est Antonin donné par son père afin de le rattacher fictivement à la dynastie précédente. Nous allons profiter de ce denier afin de commenter les titres composant la titulature de l'empereur sur cette monnaie. Un commentaire sur le revers interviendra sur un autre message, car il existe aussi sur des deniers avec la légende RECTOR(I) ORBIS.


n°C27

Dénomination: Denier

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS - AVGVSTVS - Buste lauré, drapé et cuirassé à droite.

Revers: PONTIF - TR P III - Caracalla (en Sol) nu debout à gauche, le manteau sur l'épaule gauche, tenant un globe de la main droite et une haste renversée de la gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (200)

Références: RSC 413 (25£) - RIC 30a (C) - BMC S179-83 - Hill 434 (C4) - BnF 1 exemplaire (sans n°)

Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.3g, 12h.

Note: cette monnaie existe aussi avec un buste uniquement drapé.

Commentaire:

Cette monnaie est le seul denier de Caracalla daté explicitement de 200 grâce à la troisième puissance tribunicienne qui se déploie au revers en prolongement de la titulature du droit. La puissance tribunicienne (tribunicia postestas) représentait à l'origine (sous la République) l'autorité et les moyens d'action du tribun de la plèbe, magistrat chargé de représenter cette partie des citoyens. Tous les empereurs depuis le premier, Auguste, se sont fait attribuer ces pouvoirs à vie, car ils sont alors intouchables (sacrosanctus), ont un droit de veto et un pouvoir judiciaire à l'intérieur de la cité, ce qu'ils n'avaient pas avec l'imperium consulaire. Avec l'imperium civil et militaire et la puissance tribunicienne, les empereurs ont alors la toute-puissance.
Depuis 199, la titulature du jeune Caracalla est simplement constituée de son nom, Antoninus, suivi du surnom du premier princeps, Augustus. Ce terme est une sorte de formule de respect presque sacrée. En tout cas, l'adjonction par Octave de ce cognomen a fait passé son détenteur de l'imperium, le pouvoir militaire, à l'auctoritas, l'autorité naturelle qui est généralement associée aux dieux. Cette auctoritas assure la prééminence du prince sur les autres citoyens. Tous les empereurs à la suite d'Octave ont reçu (ou se sont appropriés) ce surnom d'Auguste. C'est lui qui fait véritablement l'empereur. Ainsi une prise de pouvoir par un usurpateur est effective lorsque ce dernier prend le titre d'Auguste, il y en a alors deux: un légitime reconnu par le Sénat et un usurpateur (qui peut devenir ensuite légitime, s'il parvient à éliminer son rival...)  Enfin, la légende de revers fait également mention du pontificat, charge religieuse que Caracalla assume depuis 197, le pontificat suprême étant assuré par son père Septime Sévère.

mercredi 21 juillet 2010

Isis sur un denier de Julia Domna (Rome, 201)

Il n'est pas rare de rencontrer sur le monnayage impérial des divinités orientales comme Cybèle ou Sérapis, les Sévères les prisant tout particulièrement. Cependant, malgré sa popularité à Rome, la grande déesse égyptienne Isis est quasiment absente du monnayage romain à légende latine. Voici donc une très rare occurrence sur un denier de Julia Domna. Et encore, la légende ne décrit pas explicitement Isis, mais fait appel à la Félicité.
Le culte d'Isis, déesse égyptienne, se développe à Rome au cours du premier siècle après Jésus-Christ et devient public sous Caligula. Au IIIème siècle, les cultes égyptiens sont en vogue et on compte pas moins de sept temples consacrés à Isis et Sérapis dans l'Urbs à la fin de l'Empire, tous sous le contrôle d'un clergé spécifique. Le plus grand sanctuaire d'Isis à Rome (Iséum) est au Champ de Mars et comporte un temple avec obélisques et sculptures égyptiennes ou égyptisantes (sphinx, cynocéphales..) ainsi qu'une représentation du Nil.

n° J5

Dénomination: Denier

Impératrice: Julia Domna

Avers: IVLIA - AVGVSTA - Buste drapé à droite.

Revers: SAECVLI - FELICITAS - Isis debout à droite, posant le pied sur une proue de vaisseau et allaitant Horus qu’elle tient dans ses bras ; derrière elle, la poupe contre laquelle est posé un gouvernail.

Atelier (année de frappe): Rome (201)

Références: RSC 174 (30£) - RIC S577 (C) - BMC SC75-82 - Hill 504 (C3) - BnF 6644-5, Maspéro 1967/621

Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.21g, 6h. - Ex. HD Rauch New York Auction 2009 n°123

Note: Ce type existe aussi à Laodicée. Il peut être mis en relation avec le voyage de Septime Sévère dans la province égyptienne en 200.

Commentaire:

Sur notre denier, on voit Isis coiffée du polos (ou s'agit-il d'un siège, son hiéroglyphe?) comme sur cette statuette ci-dessous.


Statuette d'Isis de l'époque ptolémaïque (Musée du Louvre, Paris)

Elle est debout sur un navire dont on distingue à droite la proue et à gauche la poupe (interprétée par H. Cohen comme un autel) avec le gouvernail. Il faut indiquer qu'Isis est une divinité particulièrement invoquée par les marins. Voici ce que dit le dictionnaire de Daremberg et Saglio à cet effet: "Désignée par l'épithète de pelagia, Isis préside à la navigation ; le nom de Pharia (Phariê), qui rappelle son origine égyptienne, semble lui avoir convenu particulièrement quand on l'envisageait comme divinité marine ; adorée dans la petite île de Pharos, en avant d'Alexandrie, à côté du fameux phare de Sostrate, Pharus, elle veillait sur les matelots en danger. De là son culte se propagea rapidement le long des côtes de la Méditerranée. On lui dédiait des ex-voto quand on avait échappé à la tempête ; dans les ports on trouvait des peintres qui avaient pour spécialité de représenter sur des tableaux votifs les naufragés secourus par Isis pelagia ; suivant Juvénal, c'était un métier qui nourrissait son homme." Le gouvernail fait aussi référence à une autre assimilation d'Isis: la Fortune. Les fonctions d'Isis sont en effet nombreuses: déesse-mère présidant aux saisons et à l'agriculture, déesse-reine à l'image de Junon, déessee de la santé, de l'amour, etc.
Type divin de l'amour maternel, elle tient dans ses bras son fils Horus enfant ou Harpocrate qu'elle allaite (Isis lactens) et cette image n'est pas sans rappeler les vierges à l'enfant gothiques ou de la Renaissance. C'est donc Julia Domna, par l'intermédiaire de la déesse égyptienne qui est honorée en tant que mère. Le nouvel âge d'or promis par la légende de revers de ce denier est mis sous le patronage de la divinité égyptienne et d'une civilisation plusieurs fois millénaires.


Statuette d'Isis allaitant Harpocrate (Musée du Louvre, Paris)

Enfin, je ne peux m'empêcher de signaler ici une monnaie exceptionnelle, citée par tous les ouvrages de référence et figurant Isis au revers. Il s'agit d'un auréus rarissime de Caracalla frappé en 215 et présentant Isis tenant le sistre et présentant des épis de céréales à l'empereur. Ce dernier est en tenue militaire tenant une haste et posant un pied sur un crocodile!


Aureus de Caracalla (Rome, 215)
Numismatica Ars Classica NAC AG Auction 38 (21/03/2007), lot 109.
Ex ventes Hirsch 29, 1910, Lambros, 1172 et Leu 22, 1979, 304.

Le sistre est un instrument de musique égyptien accompagnant danses et cérémonies religieuses. Il revêt donc une fonction sacrée. 


Sistre (Musée du Louvre, Paris)

Isis a sur cette monnaie les fonctions de Cérès, car le sistre a un rôle magique dans les crues du Nil indispensables à l'agriculture et les épis rappellent que l'Egypte est un des greniers à blé de Rome. Cette monnaie d'exception commémore la visite de Caracalla à Alexandrie en 215 et le crocodile vaincu n'est pas sans rappeler les monnaies d'Auguste avec ce reptile et la légende AEGVPTO CAPTA (l'Egypte captive). Il faut savoir que l'Egypte est une province impériale depuis la chute de Cléopatre VII et qui a gardé un statut particulier durant tout l'Empire: cette monnaie évoque donc encore la domination de Rome sur l'Egypte.

vendredi 16 juillet 2010

Un modius au pied de l'Annone - Denier de Septime Sévère (Rome, 205)

En 205, est frappé ce denier au revers figurant l'Annone. Cette personnification représente l'approvisionnement de la ville de Rome en grains, cité de plus d'un million d'habitants. A la tête de l'administration de l'Annone un préfet est chargé du bon acheminement par voie maritime des céréales en provenance d'Afrique du nord ou de Sicile. Ces céréales sont ensuite stockées dans des entrepôts d'Etat (horrea). L'Annone est également responsable de la distribution gratuite (congiaire) aux 200 000 bénéficiaires de la plèbe et de la vente à bas prix aux boulangeries. Sous Septime Sévère, de l'huile est également distribuée en plus des grains.
Hill place cette monnaie au sein de la 19ème émission qui voit pour Sévère la frappe de deniers et aurei célébrant la cinquième libéralité, année où ses fils Caracalla et Géta sont investis respectivement de leur second et premier consulat. Lors de cette libéralité des dons en nature ont très certainement été versés, ce que souligne la symbolique présente au revers de notre monnaie.


n° S6

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: P M TR P XIII - COS III P P - L'Annone debout à gauche, tenant des épis de la main droite et une corne d'abondance de la gauche ; à ses pieds le modius rempli d'épis.

Atelier (année de frappe): Rome (205)

Références: RSC 472 (25£) - RIC 198 (C) - BMC 475 - Hill 696 (S2) - BnF 6457

Caractéristiques: Argent, 19mm, 3g, 6h. - Ex. Guy Braun

Commentaire:

On voit sur ce denier trois des attributs traditionnels de l'Annone: les épis de céréale, la corne d'abondance et le modius. Les autres attributs, proue et gouvernail, font plus référence au transport pour le ravitaillement de Rome.
Le modius est une unité de mesure romaine pour les volumes de matière sèche comme les grains, il désigne aussi le boisseau servant de récipient. Pour les liquides, c'est l'amphore qui est utilisée. On pense que le modius devait faire un peu plus de 8,5 litres et il a donné en français le mot "muid" qui est une ancienne mesure de capacité pour les grains (variable suivant les villes et régions). L'approvisionnement de l'Urbs qui est un lieu de consommation et non de production a été capital durant toute l'histoire romaine, car si les navires chargés de céréales n'arrivaient pas à Ostie, le port de Rome, la cité pouvait être en proie à la disette et donc à la révolte. Cela explique la popularité du thème monétaire de l'Annone: l'empereur rassure le peuple sur le ravitaillement en temps et en heure de la ville et fait la promotion des distributions gratuites de céréales. C'est une des parties de la fameuse locution de Juvénal: panem et circenses, du pain et des jeux !


Un modius sur un quadrans de cuivre (la plus petite dénomination monétaire impériale) frappé sous Claude

dimanche 27 juin 2010

Minerve sur un denier de Géta (Rome, 205)

Minerve, fille de Jupiter, est une divinité particulièrement bien représentée dans le monnayage des héritiers à la pourpre jusqu'à devenir parfois le thème prédominant des revers. On pense dans ce cas à Domitien qui vouait un culte important à sa déesse protectrice, jusqu'à pratiquement monopoliser la propagande monétaire même lorsque ce Prince deviendra seul Auguste. Pour les enfants de Septime Sévère, il en est tout autrement. Bien que Minerve soit bien présente, elle est associée à de nombreux autres types de revers afin de fournir une propagande plus complexe. En  tout état de cause, Minerve indique qu'en tant que Prince, Géta est amené un jour à prendre part au gouvernement du monde. Il est à noter que dans la famille impériale, Géta est seul à utiliser cette légende avec le nom complet de la déesse. Son frère aîné avait utilisé quelques années plus tôt la légende MINER VICTRIX avec Minerve devant un trophée.


n° G30

Dénomination: Denier

Empereur: Géta

Avers: P SEPTIMIVS - GETA CAES - Buste, tête nue, drapé à droite.

Revers: MINE-RVA - Minerve debout à gauche, appuyée sur un bouclier et tenant une haste de la main gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (205)

Références: RSC 77 (40£) - RIC 46 (S) - BMC S454 - Hill 760 (R) - BnF 7039

Caractéristiques: Argent, 19mm, 2.96g, 12h. - Ex. Chris' Numismatique - Ex. CGB Rome VIII n°255

Note: Ce type existe aussi avec les titulatures GETA CAES PONT COS et GETA CAES PONTIF. On peut noter que sur la période Auguste-Emilien couverte par l'atlas des types de F. Schmidt-Dick, ce type apparait sous Septime Sévère et n'a pas de descendance.

Commentaire:

Minerve est revêtue d'une grande importance dans la religion romaine, car elle fait partie avec Jupiter et Junon de la triade capitoline. La cella de droite du temple du Capitole était dédiée à Minerve. Cette déesse est traditionnellement représentée casquée, habillée du chiton sur lequel repose l'égide et tenant une lance et un bouclier. Minerve est la déesse de la sagesse, des arts et des sciences. Mais c'est aussi une divinité guerrière comme le montre ces attributs. Cependant, contrairement au fouguex Mars son demi-frère, elle symbolise plutôt l'intelligence au combat. Elle vient d'ailleurs régulièrement en aide aux héros en les conseillant ou en leur faisant cadeaux d'armes magiques. Assimilée à la grecque Athena, elle est sortie de la tête de son père, armée et poussant un cri de guerre. Elle a pour emblème animal la chouette mais aussi le serpent. Son utilisation dans le monnayage romain est avant tout guerrier, mais également afin d'assurer au peuple la sagesse du Prince dans la conduite de son gouvernement.


Statue de Minerve "Athena Giustiniani" (Braccio Nuovo - Vatican)

dimanche 20 juin 2010

La Victoire dans un bige: une référence à des combats africains? (denier de Septime Sévère - Rome 207)

Cette monnaie est non datée, au droit la légende SEVERVS PIVS AVG est active entre 201 et 210. Le revers est consacré à la Victoire des Augustes (le redoublement du G final marque le pluriel). Or il y a peu de campagnes militaires durant ces presque dix années. Hill place ce denier dans une émission spéciale consacrée à des victoires en Afrique en 207, année où il y a deux Augustes, Septime Sévère et son fils aîné Caracalla. Ce qui est curieux, c'est l'utilisation d'un type aussi exceptionnel pour une campagne militaire somme toute mineure. En effet, aucun auteur n'évoque de combats militaires entre le triomphe parthique à l'orée du IIIème siècle et la campagne de Bretagne à partir de 208. Néanmoins des documents numismatiques remplissent les vides! En l'occurrence, des monnaies de 207 (quinzième puissance tribunicienne) évoquent la présence de l'empereur sur le continent africain et les accents martiaux des types monétaires ne laissent planer aucun doute quant à la raison de la présence de Sévère dans cette province (revers avec Africa, l'empereur à cheval combattant, trophée, Victoire). Tout le problème est de savoir si la Victoire dans le bige est à rattacher à ces événements ou si elle fait référence à une victoire ultérieure durant la guerre en Bretagne.
Mattingly, quant à lui dans le BMC, place en effet cette monnaie en 210 dans le cadre de la campagne britannique. Une étude approfondie (peut-être réalisée par l'un des deux auteurs?) des coins d'avers permettrait de trancher cette question. Il faudrait donc trouver des coins de droit reliant cette monnaie non datée à d'autres parfaitement datés par la titulature continuant sur les revers.


n° S74

Dénomination: Denier 

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: VICTORIAE // AVGG - Victoria dans un bige au galop à droite, tenant les rênes de la main gauche et un fouet de la droite.

Atelier (année de frappe): Rome (207)

Références: RSC 713 (55£) - RIC 299 (S) - BMC 370 - Hill 900 (R3) - BnF 6535

Caractéristiques: Argent, 19mm, 2.68g, 6h. - Ex. Lanz Auktion 144 n°543

Note: ce type existe aussi pour Caracalla et Géta en aureus, sesterce et as. Pour l'argent, seul Caracalla est répertorié, cependant ce type devrait également exister pour Géta.

Commentaire:

Sur les monnaies impériales, la Victoire est généralement debout, parfois assise ou volant, mais elle est plus rarement sur un char. Ce type est inauguré à l'époque impériale par Sévère et sera très peu repris par ses successeurs, il faut attendre Valérien pour revoir la Victoire sur un bige sur une monnaie, d'ailleurs avec la même légende. Cependant ce type était très populaire à l'époque républicaine où il apparait sur des deniers anonymes au milieu du IIème siècle av. J.-C. pour ensuite être abondamment repris par de nombreux monétaires. Ce type, parmi les premiers représentés sur les deniers (avec les Dioscures, Luna sur son char, etc.) étaient en fait imposés par la Moneta de Rome ce qui limitait l'originalité des revers. Les types se diversifieront un peu plus tard avec une certaine "émancipation" des monétaires.

Denier du monétaire Spurius Afranius, vers 150 av. J.-C. (Coll. Christophe Oliva)