dimanche 29 septembre 2013

Moneta sur un denier de Septime Sévère à Laodicée

Moneta est une personnification de la Monnaie et symbolise aussi l'atelier monétaire qui a frappé le denier dont elle orne le revers. Ce denier a ainsi été frappé pour rendre hommage à l'atelier de Laodicée, ville syrienne qui s'est ralliée à Septime Sévère lors de la guerre civile, conséquence de la lutte de pouvoir entre différents compétiteurs à la mort de Pertinax en 193. Laodicée a ainsi été promue par le nouvel empereur, sorti gagnant du conflit, afin de récompenser sa fidélité au détriment d'Antioche qui avait soutenu son rival malheureux Pescennius Niger. La capitale de la province de Syrie est ainsi rétrogradée au profit de Laodicea ad Mare qui devient capitale (néanmoins pour une courte période) de la nouvelle province de Syrie Coelé. Antioche ne frappera donc jamais de monnaies impériales pour Septime Sévère ou ses fils, contrairement à Laodicée dont l'atelier fonctionnera jusqu'en 202. Ce dernier ne frappera néanmoins pas d'aes, mais des dénominations en métal précieux. En effet, deniers et aurei sont majoritairement destinées aux légionnaires, la population des provinces orientales utilisant plutôt les monnaies dites provinciales, à légendes grecques, frappées par les cités. Notons enfin que le rôle de l'atelier syrien a été important lors de la campagne parthique de 198 afin de payer les troupes engagées dans le conflit. La titulature fait d'ailleurs référence au titre de Grand Parthique obtenu par l'empereur lors de cette campagne.


n° S115

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: L - SEPT SEV [A]VG IMP XI PART MAX - Tête laurée à droite.

Revers: MONETA - AVGG - Moneta assise à gauche, tenant dans sa main droite une balance et une corne d'abondance de la gauche.

Atelier (année de frappe): Laodicée (198-202)

Références: RSC 345 (25£) - RIC 510a (C) - BMC 669-70 - BnF 6405.

Caractéristiques: Argent, 18mm, 3.5g, 12h - Ex. fonds Cresson.

Commentaire:
Sous Septime Sévère, les quatre ateliers impériaux (Rome, Alexandrie jusqu'en 195, Emèse fermé vers 198 et Laodicée jusqu'en 202) ont tous frappé des deniers à l'effigie de Moneta. Cette dernière est ici assise et tient dans les mains ses deux attributs: la balance et la corne d'abondance. La balance garantit le juste poids de la monnaie et son titre en métal fin.


Balance d'époque romaine (Musée d'Aquitaine, Bordeaux)

Les deux empereurs, le G répété de AVGG indiquant qu'ils sont deux, Septime Sévère et son fils Caracalla, montrent ainsi par l'intermédiaire de cette pièce qu'ils sont les protecteurs de la monnaie et que le peuple peut avoir confiance dans les émissions des ateliers monétaires impériaux. La corne d'abondance précise que la monnaie est source de richesse et d'abondance pour l'Empire et ses habitants. La représentation de Moneta est rangée dans la catégorie Evergesia par E. Manders ("Coining Images of Power") au même titre que l'Annone ou des images de bâtiments, c'est-à-dire qu'elle promeut les réalisations socio-économiques accomplies par l'Empereur.

dimanche 8 septembre 2013

Une statue équestre de l'empereur sur un denier de Septime Sévère (Rome, 206)

La représentation présente au revers de ce denier est tout à fait intéressante. On y observe l'empereur à cheval dans une attitude hiératique, la lance est verticale et il porte dans la main gauche une statuette de Victoire. Même si la légende n'explique pas l'image, car elle est décline la titulature de l'empereur, elle indique néanmoins la date de frappe (TR P XIIII = 206). Il s'agit là très certainement d'une représentation d'une statue équestre de l'empereur qui s'élevait au centre du Forum romain et qui est aujourd'hui disparue. Elle avait été élevée afin de commémorer un "rêve prémonitoire" qu'avait eu Septime Sévère alors qu'il était gouverneur de Pannonie supérieure peu avant l'assassinat de Pertinax en 193. Hérodien en rappelle les faits dans son livre II d'Histoire romaine:
Lorsqu'on eut reçu la nouvelle de l'avènement de Pertinax au trône, Sévère, après s'être rendu au temple pour y sacrifier, et prêter serment de fidélité à la puissance du nouvel empereur, rentra le soir dans sa maison, et s'endormit presque aussitôt. Il rêva qu'il était à Rome : il vit un grand et superbe cheval, magnifiquement caparaçonné, qui portait Pertinax à travers la Voie sacrée. Arrivé à l'entrée du forum, où le peuple, du temps de la république, se rassemblait pour délibérer, ce cheval, par une secousse violente, renversa Pertinax, vint s'offrir à lui, Sévère, qui se trouvait près de cet endroit, et sembla l'inviter, en se courbant, à prendre la place de l'empereur. Il monta le cheval, qui, docile à son nouveau maître, le conduisit au milieu du forum, l'offrant aux regards et à la vénération de la multitude. La statue équestre d'airain, élevée, pour représenter ce songe, au forum même et dans des proportions colossales, subsiste encore de nos jours.
Après sa propre accession à la pourpre, Sévère fera ériger son image en empereur victorieux à l'emplacement désigné par le songe.


n° S122

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: P M TR P XIIII - COS III P P - Septime Sévère à cheval marchant à gauche, tenant une haste verticale de la main droite et une statuette de Victoire de la gauche. 

Atelier (année de frappe): Rome (206)

Références: RSC 478 (50£) - RIC 203 (S) - BMC 494 - Hill 791 (R4) - BnF /.

Caractéristiques: Argent, 18mm, 2.99g, 12h - Ex. Cayon Auction May 2012 n°4811.

Note: ce type est peu commun comme l'indique la cote du RSC, celle de Cohen (5f) et l'indice fourni par Hill. Le type est d'ailleurs absent de la collection du Cabinet de Paris et du trésor de Réka Devnia pourtant riche en monnaies sévériennes.

Commentaire:

Comme je l'ai indiqué, la statue de Septime Sévère n'existe plus, mais elle était encore debout au moment où Hérodien écrit son texte au milieu du IIIème siècle. Cependant, il est possible que quelques dizaines d'années plus tard, Constantin Ier ait fait déplacer celle de son prédécesseur pour la remplacer par sa propre statue équestre.
La statue est proche de celle de Marc Aurèle visible aujourd'hui à l'abri au palais des Conservateurs à Rome et dont la copie orne toujours la place du Capitole. La main gauche devait porter une statuette, mais le bras droit est étendu alors que celui de Sévère devait porter verticalement une lance.



Statue équestre de Marc Aurèle (Musées Capitolins, Rome)