samedi 7 mai 2011

Un type unique de Salus sur un denier de Caracalla (Rome, 212)

Salus apparaît à trois reprises sur les deniers de Caracalla: deux fois lors du règne conjoint avec son père Septime Sévère et une fois lors de son règne seul en 212. C'est la dernière apparition de cette divinité sur le monnayage de cet empereur. On confond souvent Hygie et Salus. D'un côté, Hygie est la déesse grecque de la Santé, fille d'Asclepios, dieu de la Médecine, comme Panacée, déesse des Soins, et Iaso, déesse des Remèdes. On la retrouve sur de nombreuses monnaies grecques. On traduirait en latin ce nom grec par Valetudo. De l'autre côté, nous avons Salus qui est une ancienne divinité romaine souvent identifiée avec Hygie. Elle est la personnification de la Santé, de la Guérison et du Bien-Etre de l'empereur et de l'Empire. C'est pourquoi, bien que Salus apparaisse sur de nombreuses monnaies romaines, elle doit plus souvent être comprise dans un sens politique que dans un contexte purement médical. Il faut dire que la santé de l'empereur est intimement liée à la paix et à la sécurité de l'Etat. S'il vient à disparaître, la guerre civile peut survenir et les ennemis extérieurs en profiter. Elle est donc une personnification du Bien Public, voire du Bonheur et du Salut.


n° C90 

Dénomination: Denier

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS PIVS - AVG BRIT - Tête laurée à droite.

Revers: P M TR XV COS III P P - Salus assise à gauche, tenant une corne d'abondance de la main gauche et nourrissant, avec une patère dans la main droite, un serpent enroulé autour d'un autel.

Atelier (année de frappe): Rome (212)

Références: RSC 206 (25£) - RIC 196 (C) - BMC 45-6 - Hill 1326 (C) - BnF 6788-9

Caractéristiques: Argent, 19mm, 3.47g, 12h - Ex. Chris' Numismatique.

Commentaire:

Ce denier est issu de la première émission de l'empereur Caracalla seul, donc peu après l'assassinat de son frère Géta. Comme expliqué précédemment, le sens de Salus doit être interprété ici politiquement. Cette monnaie s'insère ainsi dans la propagande qui a suivi le soit-disant complot de Géta contre son frère. Ce denier fait donc référence au salut de l'empereur mis en danger par les partisans de Géta. Voici ce que Hérodien raconte sur les événements qui ont suivi l'assassinat de Géta: "Arrivé au camp, il se jette dans le temple où sont renfermés les enseignes et les images sacrées de l'armée. Il se prosterne, et fait aux dieux qui l'ont sauvé un sacrifice d'actions de grâces. Au bruit de cet événement, les soldats qui se baignaient ou se reposaient accourent dans le camp pleins d'effroi. Alors Antonin s'avance au milieu d'eux, et, sans avouer encore la vérité, il s'écrie « qu'il vient d'échapper aux embûches meurtrières de son ennemi, de l'ennemi de l'État (c'est ainsi qu'il désignait son frère) ; après avoir lutté longtemps, il a triomphé de son adversaire; le danger a été égal pour tous deux, mais enfin la fortune a laissé à Rome un empereur. » Antonin voulait, à la faveur de ce langage équivoque, faire deviner la vérité sans la dire." 
Le type utilisé ici par Caracalla est unique dans le monnayage romain par la présence de la corne d'abondance dans la main de la personnification. Cette dernière est reconnue par la présence du serpent, animal-totem de Salus, car la légende datée ne permet pas d'interpréter l'iconographie. La corne signifie peut-être que l'abondance est désormais possible, les ennemis de l'empire ayant été éliminés.

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