samedi 6 février 2010

Pileus et vindicta: les attributs de la Liberté - Denier de Caracalla (Rome, 209)

La déesse au revers de ce denier est Libertas. Elle a été très utilisée sous la République et représentée sous deux formes: une femme tête nue, image de la Liberté romaine et une femme avec un voile et un diadème. Dans ce cas, il s'agit alors de la déesse Libertas dont le temple était sur l'Aventin à côté de celui de Iuno Regina. Sous l'Empire, comme généralement avec les divinités ou les allégories, Libertas est en pied au revers des monnaies, seuls les empereurs ou les membres de leur famille ayant droit à un portrait. On peut remarquer que ce type est souvent frappé conjointement avec Liberalitas, ce qui est le cas pour cette 29ème émission du règne conjoint de Septime Sévère et Caracalla. Il s'agit ici de la sixième libéralité. Libertas a particulièrement été utilisée par Galba, ce qui n'est pas surprenant car après le règne de Néron le peuple croyait que la République allait être restaurée: d'après le témoignage de Suétone, les Romains couraient dans les rues coiffés du bonnet de la Liberté. Nous allons revenir sur ses attributs.


n° C12

Dénomination: Denier

Empereur: Caracalla

Avers: ANTONINVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: LIBER-TAS AVG - La Liberté debout à gauche, tenant un bonnet (pileus) et un sceptre (vindicta).

Atelier (année de frappe): Rome (209)

Références: RSC 143 (25£) - RIC 161 (C) - BMC S511-2 - Hill 1027 (S) - BnF 6743-6

Caractéristiques: Argent, 18mm, 2.72g, 12h.

Commentaire:

Les attributs portés par la déesse évoquent la liberté des esclaves au moment de leur affranchissement (manumissio). Elle tient en effet dans la main droite le pileus, le bonnet de laine des esclaves affranchis. Ce symbole très fort orne le revers d'une des monnaies romaines les plus célèbres: celle de Brutus commémorant la "libération" qu'a été l'assassinat de César. Le bonnet est entouré de deux poignards et à l'exergue l'inscription EID MAR rappelle la date de cet événement: les ides de mars. On le trouve aussi sur un quadrans, la plus petite dénomination du système monétaire d'Auguste, frappé par Caligula afin de célébrer la réduction d'un impôt particulièrement impopulaire.


De la main gauche Libertas tient la vindicta, une baguette servant lors de la cérémonie d'affranchissement. Cela se passait devant un magistrat qui demandait au maître les raisons qui le poussait à libérer son esclave. Pendant que le maître tenait son esclave, le licteur du magistrat plaçait la baguette sur la tête de l'esclave tout en prononçant les formules d'usage. Ainsi le droit romain envisage la possibilité d'une ascension sociale même pour ceux qui ne sont considérés que comme des objets. Cependant, l'affranchi (libertus) a des obligations envers son ancien maître qui devient son patron, ses enfants par contre en seront exemptés. Les affranchis exercent aussi bien des activités d'esclaves (professeur, médecin, acteur) que d'hommes libres (commerçant, artisan, banquier). Quelques-uns deviennent très riches et acquièrent un pouvoir important.
On lira avec intérêt l'article en deux parties de F. Da Silva dans "Numismatique et Change" de décembre 2004 et janvier 2005, repris ici: La Liberté sur les monnaies romaines.

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