samedi 3 décembre 2011

L'Annone sur un denier de Septime Sévère (Rome, 206)

Ce denier est daté à l'année près grâce à la puissance tribunicienne présente au revers de la monnaie. En 206, Septime Sévère renouvelle sa quatorzième puissance tribunicienne, la première correspondant à sa première année de règne en 193.
Sur les deniers de Septime Sévère frappés à l'atelier de Rome, l'Annone intervient à cinq reprises. La première fois en 198, puis en 200, à chaque fois avec la légende ANNONAE AVGG. Ensuite, de 205 à 207, elle revient chaque année avec cette fois-ci une légende datée (suite de la titulature de l'avers) et non plus explicite. Si on tient compte des autres métaux, la personnification apparaît dès 194 et se retrouve d'autres années encore, mais sans présence de deniers lors de ces émissions. L'étymologie d'annone a un lien avec annus l'année. En effet, il s'agissait à l'origine de la récolte annuelle et donc des provisions disponibles pour une année. L'Annone tient ici une corne d'abondance et des épis de céréales au-dessus d'un modius qui est une mesure pour le grain.


n° S109

Dénomination: Denier

Empereur: Septime Sévère

Avers: SEVERVS - PIVS AVG - Tête laurée à droite.

Revers: P M TR P XIIII - COS III P PL'Annone debout à gauche, tenant des épis de la main droite et une corne d'abondance de la gauche ; à ses pieds le modius rempli d'épis.

Atelier (année de frappe): Rome (206)

Références: RSC 476 (25£) - RIC 200 (C) - BMC 489-92 - Hill 766 (C2) - BnF 6459-60

Caractéristiques: Argent, 20mm, 3.17g, 12h. - Ex. Hugon Numismatique.

Note: Cette monnaie provient d'un trésor tunisien trouvé par une compagnie de chemin de fer dans les années 1930.

Commentaire:

L'Annone est utilisée sur les monnaies impériales romaines depuis Néron et la représentation utilisée sur notre denier est certainement la plus populaire. Septime Sévère, par exemple, l'emploie sur les trois émissions datées où elle apparaît. Elle a également été très utilisée sous les Antonins. Si l'Annone figure si souvent sur les monnaies de Septime Sévère, c'est qu'il accorde, contrairement à certains de ses prédécesseurs, beaucoup d'importance au ravitaillement de l'Urbs et aux stocks de céréales vitaux pour une ville si dépendante des provinces céréalières, en particulier de l'Afrique. Il veillait donc à conserver des réserves élevées, ce qui n'était pas toujours le cas par le passé. A  deux reprises, l'Histoire Auguste mentionne cet excédent en céréales en particulier au moment de la mort de l'empereur. Voici un des extraits: Rei frumentariae, quam minimam reppererat, ita consuluit, ut excedens vita septem annorum canonem p. R. relinqueret, ce qui signifie: "il s'occupa si efficacement de l'approvisionnement en blé - qu'il aurait trouvé très déficient - qu'à sa mort il laissait dans les greniers du peuple romain un contingent correspondant à l'apport fiscal de sept années" (trad. A. Chastagnol).
Ce blé était stocké dans les entrepôts d'Etat, les horrea, situés à Rome au niveau de l'Emporium, le port fluvial entre les collines de l'Aventin et du Testaceus, au sud-ouest de la ville.


Le port de Rome (Emporium) au bord du Tibre avec les horrea galbana et le portique émilien s ur la maquette de Gismondi au musée de la Civilisation romaine (Rome)

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